L’urgence d’un double référendum pour l’immigration

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MM. Wauquiez et Dupont-Aignan ainsi que le Rassemblement national - anciennement Front national - agitent l’idée d’un référendum sur l’immigration. Mais quelle question poseraient-ils ? S’agirait-il d’approuver ou de rejeter un texte de loi un peu plus drastique que celui qui a été voté par l’Assemblée nationale ?

Si c’est le cas, cela ne réglerait pas la question. Pourtant, celle-ci est cruciale et les sondages le prouvent : les Français placent l’immigration avant le chômage dans leurs préoccupations. Or, on assiste à un divorce complet entre la France profonde qui veut contrôler (voire arrêter totalement) le flux migratoire et une France médiatique favorable à une ouverture totale de nos frontières. Les pro-migrants pérorent dans les journaux, imposent à tous leur point de vue (puisque 90 % des clandestins restent). Ils n’envisagent même pas qu’une opinion contraire à la leur soit possible.

Or, un référendum ne fera pas taire les « migrantophiles », car l’abstention lors de cette consultation sera proche de 50 % et la loi qui sera adoptée le sera par moins de la moitié du corps électoral ; son résultat ne s’imposera donc pas. Un changement de majorité permettra de revenir à la situation actuelle par un simple vote du Parlement

Mais pourquoi ne pas faire un double référendum et proposer aux Français deux projets de loi tout à fait antagonistes ? Le premier sera bien plus restrictif que la législation actuelle, celle qui a été amendée par M. Macron. Quant au second, il proposera l’ouverture totale des frontières aux réfugiés politiques et économiques. C’est exactement ce que veulent les pro-migrants, qui refusent toute expulsion.

Si les Français répondent un double « non », on gardera la législation actuelle, qui est, somme toute, équilibrée. Un double « oui » est évidemment impossible. Si, comme il faut s’y attendre, le « non » à l’ouverture totale des frontières l’emporte, la caste médiatique sera désavouée par la votation populaire et sera privée de l’aura morale qu’elle possède actuellement. Elle ne pourra plus parler aussi fort, car elle s’opposera alors au peuple. Et n’oublions pas : actuellement, vu le faible taux de reconduite à la frontière, c’est l’ouverture totale qui prévaut. Malgré ce que prétendent les différents gouvernements qui se sont succédé s’installent, chez nous, tous ceux qui le veulent et qui réussissent à entrer sur notre territoire. N’oublions pas, néanmoins, que 5 % d’entre eux perdent la vie ou sont réduits en esclavage pendant le dangereux voyage vers l’Europe. Le refus, par le peuple, de cette ouverture totale est donc essentiel si on souhaite contrôler enfin nos frontières. 

Le référendum est une arme à manier avec précaution. Cela, par exemple, n’aurait aucun sens de demander l’avis des Français sur la réforme du Code du travail ou sur celle de la SNCF. Ces questions sont du ressort des députés et des sénateurs. Mais l’immigration est une question clivante qui, si on ne la règle pas, risque d’amener au pouvoir des populistes et de dynamiter le Parlement. Le recours au peuple est donc justifié dans ce cas, et uniquement dans ce cas.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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