L’union des droites est-elle une utopie ? C’est encore Nicolas Dupont-Aignan qui a raison !

Les Républicains, officiellement, excluent toute alliance avec le Front national. Pourtant, quelques personnalités de droite, apparentées ou non au parti de Laurent Wauquiez, manifestent un intérêt certain pour un rapprochement, ne serait-ce qu’en vue des prochaines échéances électorales.

C’est l’ancien député Thierry Mariani qui, à la veille du congrès du FN, en a relancé l’idée, en déclarant dans le JDD :

Sans alliés, nous allons rester dans l’opposition pour longtemps […]. Le Front national a évolué. Regardons si un accord ou un rapprochement sont possibles. Parce que si on veut des alliés, ils seront forcément de ce côté-là si on veut appliquer un programme de droite.

Raisonnement cohérent et pragmatique.

L’un des porte-parole du LR, au contraire, a affirmé sans nuances que "les alliés naturels de la droite républicaine, c’est le centre. Contrairement à ce que j’ai entendu, le centre n’est pas rallié intégralement à Emmanuel Macron." Sans doute, mais c’est bien parti pour. Non seulement des centristes, mais aussi des LR ont franchi le cap, ou stationnent à la lisière, prêts à basculer.

Mardi matin, Nadine Morano était l’invitée de Jean-Jacques Bourdin, sur BFM TV. Interrogée sur l’appel lancé par Marine Le Pen, elle a fait la dégoûtée : "On n’a rien à voir avec ça", s’écrie-t-elle, méprisante. "[Le FN], son ADN, c'est l'anti-gaullisme", souligne-t-elle. "Moi, je suis gaulliste." Elle ne fait pas dans la dentelle, Nadine. Parle-t-elle du résistant de Londres, du Président soucieux de la souveraineté de la France, ou de celui qui, depuis le balcon du gouvernement général, le 4 juin 1958, proclama à Alger « Je vous ai compris ! » avant de livrer l’Algérie au FLN, d’abandonner les pieds-noirs et de laisser massacrer les harkis ?

Elle oublie que le RPR a déjà conclu des alliances avec le FN, que l’UMP, puis le LR ont dragué son électorat quand ils y trouvaient leur intérêt. Ne parlons pas d’Alain Juppé, à qui David Pujadas rappela malicieusement, en octobre 2017, les propositions très fermes émises par la droite en matière d’immigration, dans les années 1990 : comme quoi, même quand on se tient droit dans ses bottes, on peut changer d’avis, par conviction ou par opportunisme.

D’autres, à droite, sont plus nuancés. C’est ainsi que Nicolas Dupont-Aignan a récemment déclaré qu’il ne regrettait pas son alliance avec Marine Le Pen, au second tour des présidentielles. Lundi, sur LCP, il a souhaité une union des droites :

Je veux que l’on rassemble justement des Républicains, Debout la France, chrétiens-démocrates, des gens du Front national pour faire mentir le piège de Mitterrand qui dure depuis trente ans, et qui fait que la droite, et au-delà de la droite, ceux qui aiment la France perdent toutes les élections à cause de leurs divisions stupides.

Jean-Frédéric Poisson, de son côté, veut

essayer de faire émerger un projet qui soit suffisamment large et clair pour rassembler, pour tous ceux qui pensent que la France a encore un rôle à jouer dans l'Europe, que la culture française a du sens [...]. Tous ceux qui s'y retrouvent sont les bienvenus. Et si cela doit aller des Républicains aux gens qui sont au Front national, ça sera très bien.

On comprend que chaque parti, grand ou petit, veuille tenir un rôle dans la recomposition politique. C’est en discutant, en dialoguant qu’on peut y parvenir. Non en cherchant à tirer la couverture à soi, mais en définissant les principes d’une politique commune, dans la recherche d’un compromis dynamique mais sans compromissions. Cela suppose, de la part de chacun, une forme d’humilité et la volonté de faire passer l’intérêt de la France avant toute autre considération de personne ou de boutique. Ce qu’on appelle la Politique, avec une majuscule.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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