LR : entre constructifs et déconstruits, ça se reconstruit !

À quand, la cellule de soutien psychologique chez Les Républicains, histoire d’aider à enfin se reconstruire les constructifs et les déconstruits ? Encore un ancien parti donné pour être « de gouvernement » se noyant actuellement plus dans un bidet que naviguant sur un volcan…

Ce jour devait être celui de l’ultime règlement de comptes. Les traîtres allaient être châtiés et on allait voir ce que l’on allait voir. On a vu. Ce, d’autant mieux qu’il n’y avait rien à voir : Les Républicains ayant rallié Emmanuel Macron – Édouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, pour ne seulement évoquer que le trio de tête – ne seront finalement pas exclus. Ce n’est plus la montagne qui accouche d’une souris, mais le rat crevé pondant un têtard mort-né.

D’ailleurs, ces « traîtres » l’étaient-ils tant que ça et qu’ont-il « trahi » de si fondamental ? Certes, tel que souligné par Laurent Wauquiez, "nos militants ne comprennent pas que l’on puisse avoir un pied dedans et un pied dehors", mais tel est le lot de cette droite ne sachant plus, depuis des décennies, où elle habite. Et le Républicain Thierry Mariani de noter, non sans raison : "Comment exclure quelqu’un d’une maison quand on ne sait même plus ce qu’est cette maison commune ?"

À cette fête de l’esprit manquait évidemment la touche finale apportée par ce grand penseur poitevin, Jean-Pierre Raffarin, exigeant "une remise à plat avec la redéfinition de ce que nous sommes et de ce que nous voulons..." Même un enfant de trois ans connaît la réponse : ils ne « sont » rien et, à force de « vouloir » tout, il ne demeure plus grand-chose de leurs personnes.

Ainsi, avant même de connaître les résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle, François Fillon, pourtant héraut de cette droite donnée pour être de « conviction », appelait à voter pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen. Histoire de renvoyer l’ascenseur et remercier cette gauche d’avoir permis à d’autres intellectuels d’envergure, tels Xavier Bertrand ou Christian Estrosi, de gagner contre le Front national aux dernières élections régionales ?

Nos Républicains iront-ils batailler contre la réforme du Code du travail ? Évidemment que non. Ce dernier projet, naguère surnommé « loi Macron » avant de devenir celle de Myriam El Khomri, ils l’appelaient de leurs vœux, le trouvant même alors un peu frileux. Fillon en rêvait, Macron l’a fait, faisant ainsi voler en éclats la traditionnelle théorie des trois droites de René Rémond : l’une légitimiste, la deuxième bonapartiste et la troisième orléaniste.

À ce sujet, le toujours pertinent François Huguenin note, dans Le Figaro de ce mardi dernier : "Il y a longtemps que cette tripartition est dépassée. Le clivage actuel est entre une droite libérale, progressiste et euro-euphorique, et une droite sociale, conservatrice et euro-dubitative. Le problème est que cette dernière, depuis Philippe Séguin, est orpheline d’un leader crédible et charismatique." Il est un fait que, dans le rôle d’héritier putatif, François Fillon est à peu près à son mentor Philippe Séguin ce que les Rubettes furent aux Rolling Stones.

Droite, année zéro, donc. Pourtant, Manuel Valls, autre philosophe de renom, prétendait récemment que la "droite avait gagné la bataille des idées". Ah bon ? Quelle bataille ? Quelles idées ? Car si « bataille » il y eut peut-être, ce n’est pas parce que la gauche l’a manifestement perdue que la droite l’a gagnée pour autant. Et François Huguenin de rappeler : "La droite a refusé le combat des idées car elle n’en a plus."

Fondamentalement, cette droite ou ce qu’il en reste est d’ailleurs plus que macrono-compatible, sachant que l’actuel président de la République incarne tout ce dont elle rêvait depuis tant d’années. Soit l’homme capable de faire voler en éclats la traditionnelle définition tripartite des droites énoncée par René Rémond, puisqu’il parvient à incarner les trois à la fois. En même temps, il est « légitimiste » – Jeanne d’Arc et Puy du Fou –, « bonapartiste » – remontée des Champs-Élysées en command-car – et « orléaniste » – on ne peut pas dire que sa montée en puissance ait été particulièrement contrariée par le monde des affaires.

En face, deux populismes, celui de La France insoumise et celui du Front national. Eux aussi ne sauraient plus longtemps faire l’économie d’une remise en cause politique. La reconstruction, à l’instar du futur, commence toujours demain.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois