Loto du Patrimoine : Stéphane Bern obtient…

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Stéphane Bern a toujours le sourire. Comme cet élève du premier rang qui ne quitte pas le prof des yeux, de peur que ce dernier n’oublie combien il est gentil et attentif.

Mais il a du caractère.

Il est juif mais n’aime pas spécialement sa religion. Il préfère la religion catholique mais « n’a pas assez de religion pour en changer ».

Il est homosexuel mais pense qu’un enfant a besoin d’un papa et une maman.

Il est royaliste, mais s’est fait virer de la Nouvelle Action royaliste quand il a révélé la dilapidation de son héritage par le comte de Paris.

Sa notoriété a explosé ces dernières années. Il a été décoré huit fois, par presque toutes les monarchies d’Europe.

Il préside le musée Grévin, où il a sa statue de cire depuis 2008.

Emmanuel Macron est son ami, et s’il n’a pas été à ses meetings, il était à la petite réception donnée le soir du premier tour à la Rotonde…

Le Président est venu en personne visiter, dans le Perche, l’abbaye bénédictine de Thiron-Gardais, devenue collège militaire sous Louis XVI, que Stéphane Bern a achetée, ouverte au public et où il a installé un joli musée.

Aussi, nommé « Monsieur Patrimoine », il ne s’attendait pas à ce que sa grande idée de « Loto du Patrimoine » - inspirée de Francois Ier - ne soit détournée au profit de la Française des jeux et du budget de l’État.

C’est pourtant ce qui arriva.

Plus de sept millions de tickets ont été vendus, engendrant 105 millions d’euros de rentrées. Si, au total, les recettes atteignent 200 millions d’euros, la Fondation du patrimoine devrait en recevoir 20 millions.

20 millions sur 200… soit 10 % ; mais où passe le reste ?

Environ 70 % reviendraient aux joueurs, « comme dans un loto classique », dit la Française des jeux ! Mais pourquoi, alors même qu’un sondage publié le 18 octobre révèle que la principale motivation des joueurs n’était pas les gains potentiels mais le soutien au patrimoine ?

Et le reste : les taxes ! La Française des jeux dit devoir s’acquitter des taxes classiques (TVA, CSG, CRDS), de la rémunération de ses employés et de son réseau de distribution et d’un financement du Centre national de développement du sport – CNDS - et d’une somme qu’elle reversait systématiquement à l’État en proportion du prix du ticket, jusqu’à ce qu’une loi, en 2012, transforme ce versement en prélèvement fiscal.

En tout, pour l’État, 14 millions d’euros.

Monsieur Darmanin, ministre du Budget, interrogé lundi sur ce montant par un député, s’était défendu : « L’État perçoit normalement 17 % de taxes. Sur cette part, 10 points lui reviennent en propre. Dans ce projet, il y a renoncé. Et il ne peut aller au-delà : c’est dans la loi. »

Stéphane Bern s’est mis en colère, a prié, supplié... et obtenu, trois jours après, jeudi, un geste de l’État qui rétrocède au Patrimoine 20 millions de plus.

40 millions, donc - sur 200 attendus - iront au Patrimoine, ce qui ne fait tout de même que 20 % de la somme collectée.

Et pendant ce temps-là, le premier « gagnant » touche, comme au loto ordinaire, un gain de plus d’un million... Tant mieux pour lui, mais ce n’était pas la philosophie du projet.

C’est un peu comme le prix de l’essence. S'il atteint ou dépasse un euro et demi le litre, c’est que, là aussi, 70 % du prix va « ailleurs »...

Et là, les payeurs ne gagnent rien !

Cette vampirisation étatique généralisée les empêchera seulement, l’hiver venant, de se chauffer, voire de circuler.

Catherine Rouvier
Catherine Rouvier
Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

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