Plusieurs points du projet de loi Asile Immigration ont fait monter d’un cran la température de l’Assemblée. Face à la question insistante de députés LR qui souhaitaient savoir si le gouvernement avait un plan caché de 40.000 régularisations de sans-papiers, le ministre Jacqueline Gourault est sortie de ses gonds. Comment pouvaient-ils oser exiger une réponse alors que, visiblement, le gouvernement ne souhaitait pas la donner ? Quel toupet ! "Monsieur Jacob, vous allez laisser continuer ces méthodes pendant longtemps ? Obliger un ministre à répondre ? Ce sont des méthodes autoritaires qui ne sont pas acceptables en démocratie", a tonitrué le ministre. "Mais qu’est-ce que c’est que ces méthodes !, a-t-elle ajouté, outrée, scandalisée au bord du craquage nerveux. Personne n’a donc le droit de savoir, pour l’instant, ce que prévoit le projet pour ces 40.000 sans-papiers. Hébergés chez Gérard Colomb, reconduits à la frontière à coups de martinet par l’ogresse Jacqueline Gourault ? Les députés sont condamnés à supputer sous peine d’un retour explosif du ministre au micro de l’Assemblée, façon James Brown.

Autre point de surchauffe de l’Hémicycle : la possibilité , pour les mineurs reconnus réfugiés, de faire venir leurs frères et sœurs. Là encore, Christian Jacob tente d’obtenir quelques éclaircissements : [...] ensuite de savoir si une étude d’impact a été faite pour le regroupement familial, ce n’est pas compliqué de nous dire oui ou non. Et voilà, ça recommence. Et encore des questions. Ah, la, la. Une étude d’impact. Et puis quoi encore ? Le concept de mineur migrant incluant des personnes pouvant avoir jusqu’à 45 ans, je pose 5 et je retiens 2, à cette embrouille j’ajoute beaux-frères et belles-sœurs, quelques cousins, trois oncles et deux tantes. Si le compte est bon, en 2023, 70 % de la population africaine est en Seine-Saint-Denis. Et ce Christian Jacob veut des éclaircissements. Qu’il s’achète plutôt une calculette. Puisque madame Gourault s’est assise dessus et qu’elle refuse de la donner.

Cette opération open bar frères et sœurs est intitulée « réunification familiale ». À ne pas confondre avec « regroupement familial », qui ne concernait que les étrangers venus légalement et se limitait à la venue des parents. Sans surprise, majorité et gauche voient dans ce volet du projet une avancée humaine et juste. Raison pour laquelle toute question, toute demande d’explication est scandaleuse. Outrageante. Une certaine Sandrine Mörch (LREM) a dénoncé une peur panique de l’étranger. Chanson bien connue, vieux disque usé qui fait encore danser quelques politiques à court d’argument. Comme à l’accoutumée, le débat ne décolle pas du niveau des pâquerettes. Quelques élus LR et FN ont dénoncé un appel d’air. Pour le ministre qui commençait à en manquer, la majorité a estimé la remarque de fort mauvais goût et, pour tout dire, inhumaine. Non-assistance à personne en danger. L’affaire peut finir devant les tribunaux.

Pour clore en beauté ce grand moment de misère intellectuelle, un « Insoumis » a demandé combien de membres des Républicains sont fichés L ? L pour "lepénisation des esprits", a-t-il précisé. Le niveau du débat est donc passé en dessous des pâquerettes. Dans l’obscurité la plus totale. Avec les taupes. Aveugles, elles aussi. Des collègues, en quelque sorte…

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20 avril 2018 à 19:06

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