La vente d'esclaves en Libye a choqué l'opinion publique. On accuse, comme d'habitude, les Occidentaux et les Européens de ce "crime contre l'humanité". La théorie "victimaire" qui appelle à la repentance unilatérale de l'Occident insiste sur le rôle de la France dans le renversement du colonel Kadhafi. Elle se fait plus discrète sur le fait que les trafiquants se situent dans une tradition qui n'est ni européenne ni chrétienne.

Il est "politiquement correct" de dire que les malheurs de l'Afrique sont dus à la colonisation européenne, alors que celle-ci a cessé à la fin des années 1950. Entre deux et quatre générations de dirigeants locaux s'y sont succédé. L'événement que constitue la démission du lamentable Robert Mugabe en est l'implacable démonstration. La Rhodésie du Sud, comme la plupart des colonies britanniques, n'était pas pauvre. Elle possède un sous-sol où abondent les richesses minières. Elle a surtout été le grenier à blé de cette vaste région. Son agriculture prospère était générée par l'activité de quelques milliers de fermiers d'origine européenne qui exploitaient avec compétence 45 % des terres les plus fertiles. Il y avait une minorité blanche de 250.000 personnes. C'est elle qui a dirigé le pays jusqu'à la fin des années 1970, allant jusqu'à proclamer, en 1965, une indépendance qui n'a pas été reconnue.

Isolée par la communauté internationale, lâchée par l'Afrique du Sud, elle a été contrainte d'accepter l'accession au pouvoir des rebelles par le biais des accords de Lancaster House, patronnés par le Royaume-Uni. Le courageux Premier ministre Ian Smith laissait donc le pouvoir à ses adversaires, et notamment à Robert Mugabe, mais continuait à participer à la vie politique du pays. Au début, la transition fut douce. Les Blancs, toujours représentés au Parlement, demeurèrent dans le pays, assurant le maintien d'une économie prospère. Mais la situation dégénéra avec l'affrontement entre les Shonas, l'ethnie majoritaire de Mugabe, et les Ndébélés de Joshua Nkomo. La répression fut féroce entre 1983 et 1987 avec 20.000 morts. Celui qui la conduisit n'est autre que le lieutenant et successeur de Mugabe, Emmerson Mnangagwa, surnommé "le crocodile". Après cette guerre civile "ethnique", pour ne pas dire raciale, Mugabe cumula tous les pouvoirs et fit cesser la garantie d'une représentation "blanche" au Parlement.

La dérive dictatoriale, accompagnée d'une gestion calamiteuse et d'une corruption des dirigeants, allait d'étape en étape faire choir cette terre prospère au rang de royaume du Père Ubu ! Afin de calmer les appétits, le dictateur chassa sans indemnisation les 4.500 fermiers blancs qui subsistaient. Certains furent assassinés. Les Blancs ne sont plus que 40.000 aujourd'hui. L'agriculture s'est effondrée ! En 2016, la production de blé est tombée à 20.000 tonnes, soit 16 fois moins que dans les années 1990. Les investisseurs ont fui le pays. Le chômage atteint 90 % des actifs et 83 % de la population est sous le seuil de pauvreté. Un habitant sur quatre dépend de l'aide alimentaire sur une terre autrefois exportatrice de denrées agricoles. L'espérance de vie a reculé. On comprend mal qu'avec un bilan aussi désastreux, cet homme soit resté au pouvoir durant trente-sept ans, certes par tous les moyens, y compris la fraude, l'intimidation et la violence. Pour voiler sa responsabilité dans la catastrophe, Mugabe a utilisé la recette habituelle : glorification de la lutte contre la colonisation, anticolonialisme virulent, racisme anti-blanc ! Son consentement pour quitter le pouvoir a coûté cher : dix millions de dollars américains, plus 150.000 dollars américains par mois ! On mesure le scandale, dans un pays qu'il a ruiné et où la famine n'est plus inconnue !

Il faut avoir ce triste exemple en tête, ou se souvenir du génocide rwandais, pour se persuader que le racisme non seulement anti-blanc mais interethnique est évidemment présent en Afrique, où il atteint parfois un paroxysme totalement inconnu des Européens d'aujourd'hui. Or, comme d'habitude, on fait du racisme un problème européen qu'il est urgent de traiter au profit, notamment, des migrants qui en seraient victimes.

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27 novembre 2017 à 19:46

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