Locations de ventres de femmes et trafic d’enfants : jusqu’où iront-ils ?

À Noël, tout est bon pour faire du pognon !

C’est, en tout cas, ce qu’a bien compris l’agence espagnole Gestlife, spécialisée dans le commerce de gestation pour autrui. Histoire d’appâter le client en cette période festive, celle qui se présente comme "la meilleure entreprise en Europe" n’a rien trouvé de mieux que de réserver certains ces avantages bien particuliers. "Pour les contrats signés entre le 1er et le 24 décembre, les clients se voient offrir :
1) le redémarrage du programme en cas de décès du bébé (après sa naissance) ;
2) la congélation du cordon ombilical des cellules mères ;
3) la garantie d’indemnisation pour la mort de la mère porteuse."
(sic)

Cette annonce promotionnelle racoleuse a de quoi choquer.

Reconnaissons-lui un mérite : celui d’invoquer certains « dommages collatéraux » inconnus du public et inhérents au processus de gestation pour autrui, comme le décès de l’enfant et celui de sa mère…

Le phénomène tout naturel de rejet d’un embryon implanté dans le corps de la mère porteuse est lié au fait qu’il soit conçu à partir d’ovocytes qui ne sont pas les siens. Pour mener sa grossesse à terme, la mère porteuse devra être soumise à des traitements hormonaux très lourds. Sans ces traitements, son corps réagirait comme s’il portait un corps étranger.

Les effets secondaires de ces traitements sont loin d’être anodins pour la mère et l’enfant : risques d’hémorragies, de fausses couches, de ruptures du placenta et même décès…

Les fameux intermédiaires, comme cette entreprise Gestlife, sont bien conscients de tous ces risques, ils en font même une garantie promotionnelle pour leurs clients en cette période de Noël !

Leur « business » à eux se porte bien. Aux États-Unis, selon une enquête des Échos réalisée en mars 2017, "le marché des bébés (tout commerce reproductif confondu) pèserait autour de 4 milliards d’euros". Trafic bien juteux puisque « les sociétés de gestation pour autrui » qui regroupent des médecins, des avocats, des assureurs, des psychiatres et toutes sortes de spécialistes empochent 80 % du pactole versé par le client.

Lorsqu’on sait qu’une GPA, aux États-Unis, coûte au minimum la modique somme de 130.000 euros…

Grâce à Internet, ces intermédiaires développent tranquillement leur profit en se payant le luxe de promotions comme celle de Gestlife. Le désespoir de celles qui ont pris les risques, porté et abandonné l’enfant n’est, lui, pas pris en compte… Elles se verront gratifiées d’un salaire - requalifié d'« indemnité compensatrice » lorsque la GPA est décrite comme éthique - équivalant à 20 % de la somme versée par le client. À condition, bien sûr, que le bébé reste en vie jusqu’au bout.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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