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Disons-le tout de suite : c’est un livre d’idéaliste. Āmes cyniques, Cioran de bar-PMU, défaitistes de droite, spectateurs attentifs du Ragnarök islamo-fasciste qui vient, en auront pour leurs frais. Hervé Juvin n’a pas envie que ça se passe mal ; il pense encore que c’est possible. Pourtant, il est souvent son meilleur contradicteur : sur la mondialisation frénétique, sur la perméabilité entre Goldman Sachs et l’UE, sur les différentes décisions prises dans le dos des Français depuis le regroupement familial de 1976, Hervé Juvin ne fait aucune impasse. Son constat est d’une terrifiante objectivité, encore, sur l’abêtissement, sur l’oubli de ce qui fait la France, sur les difficultés aporétiques que provoque la lente invasion de notre territoire, par des moyens pacifiques et subventionnés.

Cela posé, vient le temps des mesures. Dans la construction de ce livre, elles ne font pas l’objet d’un traitement à part, mais sont abordées dans le même mouvement que les problèmes posés. Sur ces solutions, aucune impasse non plus, cela dit : des mesures concrètes sont proposées, tous azimuts, pour redresser la France, pour la rendre à nouveau fière d’elle-même, pour redéfinir un modèle d’armée, pour sauver ce qui peut l’être dans notre modèle de civilisation. Mais c’est justement là que le bât blesse.

En effet, si le constat de la déliquescence française est on ne peut plus salutaire et honnête, si l’espoir et la foi en notre pays sont suffisamment rares pour être soulignés, les propositions d’Hervé Juvin, en revanche, semblent parfois ne pas s’attaquer à la racine des maux. Cet avis est éminemment personnel, mais faire de la république le ciment de notre cohésion, dire que nous n’avons pas, en tant que non musulmans, à nous prononcer sur ce que doit être l’islam, c’est déjà, à mon sens, faire des concessions au totalitarisme de notre temps.

Il n’en demeure pas moins que le livre d’Hervé Juvin est brillamment écrit, concret et chiffré, et constituerait une plateforme crédible pour un projet politique à la fois moderne et patriote. La culture et l’amour de la France y affleurent à chaque page, autant que le bon sens et la conscience des enjeux mondiaux, notamment techniques, écologiques, économiques et démographiques – soit les quatre grands facteurs de rupture historique qu’évoquait Henri de Castries dans une récente conférence à l’École de Guerre.

À lire avec attention, reconnaissance – et, malgré tout, une bonne dose d’optimisme, qui n’est pas la qualité la mieux partagée par ceux qui sont authentiquement de droite.

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27 avril 2018 à 9:31

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