Les pays de l’Est européen traînent une mauvaise réputation dont ils ont beaucoup de mal à se défaire. L’évocation de leurs noms renvoie, davantage qu’à leur riche histoire, aux travailleurs détachés, aux délocalisations industrielles et à la concurrence déloyale - autant de facteurs ayant amplifié la crise de l’emploi sévissant dans les pays de la vieille Europe.
 
L’incorporation groupée de ces nouveaux venus au cercle européen, décidée dans les alcôves du pouvoir et sans l’aval des peuples, fut, à cet égard, un des premiers clous enfoncés dans le cercueil de l’Union, cette construction artificielle qui a souvent perdu en légitimité populaire ce qu’elle a gagné en territoires.
 
C’est pourtant de l’extrémité orientale de l’Europe que la contestation des nations souveraines s’est propagée à l’ensemble d’une Union européenne chancelante. La contestation populaire s’y est rapidement traduite en résultats électoraux qui ont porté des candidats populistes au pouvoir, dont Viktor Orbán est désormais le chef de file.
 
Le groupe de Visegrád, réunissant la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie – ces deux dernières semblant plus unies que jamais -, vient encore de monter au créneau pour dénoncer le "chantage" et le "diktat" européens sur les politiques de migration.
 
Les Premiers ministres du "carré magique" refusent fermement les quotas de répartition de immigrés entre les pays de l’Union européenne et viennent de marquer leur désaccord sur le couplage de la distribution des fonds européens à l'adhésion à la politique migratoire commune.
 
Pour Beata Szydło, Premier ministre polonais, son pays "n'acceptera jamais ce chantage, ni qu'on lui dicte des conditions. Nous disons clairement que la politique migratoire suivie jusqu'à présent par l'Union européenne n'a pas fait ses preuves et il faut en tirer des leçons".
 
Même son de cloche, évidemment, chez Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, qui n’a pas manqué de rappeler les mesures récentes prises par son pays en matière de lutte contre l’immigration non désirée : fermeture des frontières, clôtures construites à la frontière serbe, loi prévoyant la détention systématique des migrants.
 
Surtout, jamais avare d’une bonne leçon, il a laissé entendre que l’ensemble de l’Europe se trouvait, grâce à son action, beaucoup plus sûre qu’auparavant, de quoi renvoyer les dirigeants des pays ouest-européens aux manquements de leurs politiques.
 
Dans un réflexe pavlovien, les ONG n’ont pas manqué de protester, rappelant les États du groupe de Visegrád à leurs "obligations". Il suffit, pourtant, de se promener dans les pays concernés pour appréhender ce que l’Europe n’aurait jamais dû cesser d’être.
 
Si le soleil se lève à l’est, l’Europe, quant à elle, s’y relève.

2746 vues

30 mars 2017

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.