Noël, fête des enfants, des réunions de famille, des retrouvailles, du mystère de la naissance, de la joie. Mais aussi de l'absence, du sacrifice, du mystère de la mort. L'Enfant Jésus est là, mais tout chrétien L'adore déjà comme le Sauveur, le Crucifié. Il y a une joie de Noël, mais aussi un recueillement, une tristesse. Et le massacre des Saint innocents jette déjà son ombre sur la Crèche.

Car Noël, c'est aussi se souvenir de ceux qui sont partis dans l'année, qui ne seront plus là, dont l'absence – parfois terrible - se fait durement ressentir. Nous pensons tous à certains décès injustes, prématurés, révoltants parfois. Tous ces « trop tôt partis » dont c'est, d'une certaine façon, le premier Noël au Ciel. Et pour leurs familles, le premier Noël sans eux, comme il y a eu le premier anniversaire sans eux, les premières vacances, la première rentrée sans eux. Noël sans son enfant, sans son frère, sa sœur, son conjoint, son parent, c'est une nouvelle étape dans le deuil. Cela ne console pas, n'apaise pas, mais cela donne aux Noëls une autre coloration.

En pensant à cette adolescente injustement arrachée à la vie et aux siens, à tel décès inattendu, j'ai vu que ce sentiment, ce recueillement, loin de l'excitation des préparatifs du réveillon, était en fait très partagé, notamment sur les réseaux sociaux. Comme une chaîne de prière 2.0. Et en voyant le nombre de "retweets", la chaîne est longue et belle, comme une nuit de Noël étoilée.

Ainsi ce tweet de Cédric Beltrame dont la sobriété dit tout :

1er Noël sans mon grand frère #ArnaudBeltrame. 9 mois déjà.

Ainsi, aussi, ces messages de Patrick Jardin, qui, lui, compte les Noëls sans sa fille :

"Je vous souhaite a tous un joyeux Noël pour moi le 4* depuis le 13/11/2015 je fêterais Noël seul je n’ai plus envie de fêter ce qui était une vraie fête de famille c’est pour cela aussi je haïs les islamistes et tous les politiques qui ont dirigé le pays depuis 45 ans JOYEUX NOËL"

"J’ai une pensée particulière en ce jour pour TOUTES les victimes du terrorisme qui ont comme moi perdu un être cher ou qui souffrent dans leur chair je sais ce que l’on ressent en cette période de Noël je leur souhaite beaucoup de courage pour passer un Noël le mieux possible"

Noël, depuis 2015, et la menace constante que l'islamisme fait peser sur nous, avec toutes ces victimes, a quitté sa légèreté et a retrouvé la gravité et le tragique qui est inscrit dans la Crèche. L'attentat de Strasbourg est venu nous le rappeler. On ne peut fêter Noël avec légèreté, indifférence. Prier à Noël, c'est prier pour tous ces êtres arrachés et pour leurs familles. C'est aussi puiser, à la Crèche, la force de leur être fidèles, et d'agir.

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24 décembre 2018 à 19:11

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