Il y a quatre jours, les sondages créditaient ainsi le candidat à la présidence du Brésil Jair Bolsonaro de 35 % des intentions de vote, et les journalistes soulignaient leur montée. Il a obtenu 46 % des voix dès le premier tour mais, curieusement, c'est aujourd'hui la déception de celui qui espérait être élu dès hier qui est montrée du doigt.

Sur BFM, le duo paritaire du matin croit utile de rappeler, l'air navré, que ce candidat "d'extrême droite" est homophobe et nostalgique de la dictature militaire. Que le "capitaine" ait surtout été un député constamment réélu durant 27 ans, que, contrairement à de nombreux politiciens brésiliens, notamment du Parti des travailleurs, il ne soit l'objet d'aucun soupçon de corruption, qu'il offre aujourd'hui aux Brésiliens l'espoir d'une réponse à la crise économique et aux violences qui minent le pays, cela ne compte guère.

Deux conceptions s'affrontent, et les foules portent témoignage des valeurs en présence. La foule de droite agite le drapeau national, celui qui symbolise l'unité nationale, le vouloir-vivre d'une nation, le réveil d'un peuple qui désire persévérer dans ce qu'il est, vivre en sécurité dans le respect des lois, bénéficier d'une richesse issue d'une économie solide, et globalement être fier d'être ce peuple-là. Les foules de gauche, il y a longtemps, chantaient l'Internationale et brandissaient les étendards du parti de la revanche sociale, d'une classe contre l'autre. Aujourd'hui, elles agitent les symboles des tribus minoritaires qui, additionnées, entendent bien être majoritaires, mais sans jamais constituer une nation, puisque nul bien commun ne les réunit en fait.

Que des femmes manifestent contre Bolsonaro, au nom des droits de leur "genre" qu'il menacerait, que d'autres, aux États-Unis, protestent contre l'entrée de Kavanaugh à la Cour suprême, sous un prétexte douteux, n'expriment pas l'opinion des femmes. Comme le dit Trump, beaucoup soutiennent le juge qui, à 53 ans, a mené une vie familiale et professionnelle irréprochable, et qu'on salit à présent, soit en inventant, soit en grossissant des faits très anciens et assez bénins dans leur contexte. La manœuvre politique des démocrates à la veille des élections de mi-mandat pour éviter que la majorité des juges de la Cour suprême soit, pour longtemps, clairement conservatrice est assez cynique. Il s'agit d'abord de dresser une "minorité" féministe contre leurs adversaires, et ensuite d'empêcher que les revendications des minorités, au lieu d'être juridiquement victorieuses à défaut de l'être démocratiquement, soient remises à leur place. La Cour suprême avait autorisé le "mariage" unisexe, en dépit des référendums qui le rejetaient dans plusieurs États. Désormais, la minorité "progressiste" ou décadente, suivant les opinions, devra sans doute demander son avis au peuple. Les minorités sont ainsi mobilisées sous leurs bannières parfois contradictoires pour poursuivre le travail de sape des nations au profit de l'individualisme des hommes interchangeables, nomades, hédonistes et consuméristes que veut une autre minorité, celle qui en tire profit.

En Europe, le sursaut populaire est dénoncé comme populiste par l'oligarchie qui contrôle les rouages complexes de l'Union européenne. Le microcosme bruxellois, à travers ses étonnantes priorités, veut à la fois l'immigration et les "avancées" sociétales qui détruisent la famille. Il semble être incapable de percevoir qu'une immigration musulmane importante est un frein sociologique à l'égalité des "genres" et à la libération des comportements. La victoire de la Coalition Avenir Québec de François Legault dans cette province canadienne réputée si ouverte et progressiste, tellement aimée des "bobos", aura pour résultat d'y réduire l'immigration selon le souhait des électeurs qui ont chassé les libéraux du pouvoir.

Il n'y a rien de plus opposé au vrai libéralisme que la volonté d'imposer d'en haut une construction de la société. Lorsque de très nombreux électeurs font certains choix, les mêmes dans de nombreux pays, et cela, en dépit des prescriptions majoritaires dans les médias, il faut raisonnablement penser que c'est l'information quotidienne que leur livre leur expérience personnelle qui les y invite. C'est ainsi que fonctionnent le "marché" politique, et tous les marchés, ces références vénérées par les libéraux...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:56.

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08 octobre 2018 à 11:14

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