Sidérants et scandaleux, les termes employés par Emmanuel Macron, repris dans un article du Point. Je cite : "Le boxeur, la vidéo qu'il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d'extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n'a pas les mots d'un gitan. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan."

Passons sur le langage vulgaire, "le type". On voit, une fois de plus, que notre Président a fait des études littéraires poussées et qu’il a été reçu au prestigieux concours de l’ENA. Nul doute que les membres du jury qui l’ont adoubé soient très fiers de leur choix.

Imaginons un homme (ou une femme) politique proférant en public de tels propos, "le type", "les mots d’un gitan". Le tollé, les plaintes de SOS Machin et de toutes les ligues contre les « ismes ». Mais là, rien. Un assourdissant silence des présidents d’associations subventionnées.

Y aurait-il, en France, un surhomme doté du droit de tout dire, même ce qui est « controversé », comme dit l’hypocrisie bien-pensante d’aujourd’hui ? En tout état de cause, quelle superbe incarnation de la dignité présidentielle, de la pondération d’un homme d’État plein de sang-froid et qui dispose du feu nucléaire, rappelons-le.

Je ne suis pourtant pas membre de « SOS Quelconque », mais c’est quoi, Monsieur Macron, "les mots d’un gitan" ? Les gitans ont-ils des mots particuliers, un langage reconnaissable ?

Et d’abord, c’est quoi, "un gitan", Monsieur le Président ? Je vais vous aider : Un "Gitan" (je préfère mettre une majuscule, moi, car je trouve le terme lui-même plutôt péjoratif), c’est d’abord un Français. Il est aussi français qu’un djihadiste qui revient de quelques années de séjour en Syrie et que l’on prétend s’apprêter à juger en France en toute équité, bien sûr.

Un "Gitan", semblez-vous nous dire, ça ne parle pas comme un énarque. Et alors, aurait dit feu Mitterrand. Mais pouvez-vous prouver que c’est un citoyen moins pertinent qu’un « Marcheur », un foulard rouge ou un électeur de LREM ? D’où vient cette incroyable supériorité présupposée ?

Dans vos propos, j’ai été successivement gaulois réfractaire, puis atteint de la lèpre antimondialiste. Et j’en oublie. Fils d’enfant de l’Assistance publique, je suis gilet jaune de cœur et d’esprit, j’ai le peuple de France dans le sang.

Aujourd’hui, je me découvre aussi gitan. Je veux bien, finalement, merci.

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03 février 2019 à 20:14

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