Il aura suffi d'une déclaration du ministre de la Santé, interviewé par France Inter, où elle disait ne pas exclure qu'un jour, certains constituants du cannabis, après les études requises, pourraient avoir droit de cité comme médicament, pour qu'aussitôt, telle une pincée de daphnies dans un aquarium, des cannabinophiles et cannabinomanes se mettent à frétiller, montent en surface et aussitôt pétitionnent dans une tribune du Parisien.

Parmi les signataires, des incontournables médecins de garde… du cannabis, complètement à distance de leur domaine de compétence ; ni pharmacologues, ni toxicologues, ni experts cliniciens des essais thérapeutiques. On en viendrait à se demander si leur psittacisme ne les identifie pas à des consommateurs, avec le cerveau lent de ceux qui planent. Parmi eux, un tout frais émoulu professeur d'addictologie, Amine Benyamina, qui déclarait il y a quelque temps "qu'il fallait laisser sa chance au cannabis thérapeutique", semblant ignorer que c'est aux patients qu'on doit donner le maximum de chances ; un addictologue exerçant dans des cliniques cossues de la capitale, William Lowenstein ; un pneumologue de Limoges ; un infirmier anesthésiste (Éric Correia) ayant essayé de convaincre le président de la République que la culture du cannabis à usage prétendument médical, dans la Creuse, loin de la plomber, serait une manne créatrice de nombreux emplois (sans préciser si ce serait dans les hôpitaux psychiatriques, dans les services d'accueil des accidentés de la route et des accidents du travail).

La valence socialiste et EELV des autres pétitionnaires est particulièrement imprimée. Bref, on baigne dans la politique, dans ce qu'elle a d'assez saumâtre et dans l'idéologie. Communiquer vers le public sur ces bases confine à de la malversation, à de l'entourloupe, à de l'abus de confiance vis-à-vis de concitoyens désinformés par leurs « manip' » récurrentes.

De longue date, ces signataires œuvrent pour la légalisation du cannabis, aussi voient-ils dans le cannabis prétendument médical le vestibule d'entrée dans cette légalisation. Qu'ils veuillent bien s'intéresser enfin à l'avis des experts, dont ceux des Académies nationales de médecine et de pharmacie qui, de longue date, se penchent sur ce sujet. Ne fermant aucune porte, ils estiment qu'en l'état présent des connaissances, il y a matière à susciter diverses études au-delà de celles pratiquées de façon régulières, mais pas (encore ?) à décider que les conditions sont réunies pour que de tels cannabinoïdes de la plante soient élevés à la dignité de médicament.

On conclura ce billet en reprenant la formule qui résumait une analyse de l'Académie de médecine : "Le cannabis - un faux médicament, une vraie drogue". Nous lâchant à notre tour, dans la chaleur estivale d'un bord de mer, nous conclurons : le shit est un vrai merdicament.

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12 juillet 2018 à 11:09

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