Législatives : du neuf avec des vieux ?

Les résultats du premier tour des législatives sont tombés : le parti d’Emmanuel Macron arrive largement en tête et devrait remporter près de 430 sièges sur les 577 que compte le palais Bourbon. De mémoire de citoyen, c’est donc une situation historique.

Sans surprise, le corps électoral a donc donné une majorité absolue à son nouveau champion. Tout le corps électoral ? Non, une petite moitié de la population française résiste toujours à la Macronmania et a fait le choix de l’abstention. Et avec un taux de participation d’à peine 51 % (le plus bas de la Ve République), Emmanuel Macron doit s’attendre à voir la légitimité de sa politique contestée.

Il n’en reste pas moins qu’il obtient une majorité écrasante et qu’il renvoie les partis traditionnels aux oubliettes. Et si l’inversion du calendrier électoral - visant à faire coïncider les dates de la présidentielle et celles des législatives - lui permettait déjà d’espérer obtenir une législature à ses couleurs, c’est surtout ce taux d’abstention élevé qui lui a profité.

En effet, un peu de sociologie électorale nous apprend que les personnes âgés sont celles qui se sont le plus déplacées pour voter, et les jeunes le moins. Or, justement, les seniors sont économiquement ultra-conservateurs : les baby-boomers et les jouisseurs compulsifs de 68 s’inquiètent de la façon dont ils pourront profiter de leur retraite et de leur épargne. Il n’est donc pas étonnant de voir qu’un tiers des retraités a voté pour les candidats estampillés Macron, pas plus que d’observer que les deux tiers des soixante ans et plus ont voté LR et LREM. Et cette enquête Ipsos nous apprend aussi que plus de 43 % des foyers aux revenus mensuels de 3.000 € et plus ont voté pour les candidats Macron. Vous avez dit intérêts de classe ?

Cette abstention massive des jeunes (soutiens habituels FN et FI) aura donc eu pour résultat de laisser choisir l’avenir de notre pays par une vieille garde grisonnante qui sera décimée ou s’expatriera avant de voir les résultats de la politique "enmarchienne". Mais on ne peut reprocher aux seniors d’avoir voté comme ils l’ont toujours fait, d’avoir voté dans leur intérêt.

En revanche, reconnaissons qu’un projet « jeune et dynamique » porté par des seniors, cela fait un peu tache. Fichtre, alors : à croire que cette satanée jeunesse ne veut pas détruire son avenir ! Mais rassurons-nous, nos braves aïeux vont nous y aider car le renouvellement, ça leur parle.

Le renouvellement ? Pourtant seule une petite moitié des candidats LREM ne s’est jamais présentée à une élection. Et beaucoup d’entre eux sont malgré tout du milieu (ESSEC, HEC, banques, lobbies). Une « société civile » pas très représentative de la société civile, donc.

Mais peu importe. Comme l’avait fait remarquer Macron, la politique, c’est de la lessive : les gens achètent le produit en jugeant sa marque, pas sa qualité. Nos aînés aiment la marque Macron et ils ont acheté les produits dérivés.

La République en marche, en déambulateur…

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