Le petit catéchisme de Marlène Schiappa

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Il n’y a pas eu sortie de route ni primesaut. Pointer une accointance entre LMPT et les islamistes extrémistes n’a rien eu d’un dérapage : ce fut un exercice rodé d’un discours idéologique. Devant le tollé, on rétrograde et présente des excuses « sincères ». L’important est que le mal soit fait. Comme l’air fameux de l’opéra, celui de la calomnie s’insinue partout. S’il y a eu, dit-elle, un "raccourci" dans ses propos, c’est bien qu’était énoncée une "convergence idéologique" mortifère. Non qu’il y ait, dans les rangs de LMPT, des islamistes radicaux mais parce que, de part et d’autre, seraient remises en cause la liberté des femmes, l’égalité des sexes, et que s’affirme l’obscurantisme d’un discours totalitaire contre lequel Marlène Schiappa a pour vocation de lutter de toute la force d’un engagement patriotique, européen, laïque, universel. Et pour accréditer les deux ennemis déclarés, on ajoute le tiers obscur : « le populisme ». Mais personne ne s’y trompe. L’ennemi commun, c’est l’homophobie dont on ne prononce pas (finement, croit-on) le mot.

Nouvelle Olympe de Gouges, Marlène se bat donc pour le droit des femmes et l’égalité des sexes. Elle lutte pour les droits de chacun.e à disposer de son corps, pour la reconnaissance de l’altérité et contre la discrimination : en somme, pour des Habeas corpus sans fin. Sauf qu’elle se trompe de cible. Si on empêchait deux êtres humains de procréer ensemble au nom de lois raciales (dont le mot a disparu, donc la chose) et qu’il y eût un gendarme à chaque porte, il y aurait de quoi crier à la violation de la vie privée. Mais le problème est simple comme bonjour. C’est « le refus de l’altérité » (le combat de Marlène, justement) de ceux qui veulent avoir un enfant sans le sexe opposé dont ils ont pourtant besoin. De là le tralala médical, moral, législatif dont LMPT fait les frais. Pas besoin de grand débat mais la question se pose : si l’idéologie farouche n’était pas du côté des opposants à LMPT ?

L’idéologie n’est pas de faire croire que les enfants naissent dans les choux mais d’accréditer, à toute force et dans la déraison, l’idée que l’opposition au bricolage biologique et juridique est de la « discrimination ». Impossible, car la vie rêvée des anges sera obligée de passer par les fourches Caudines de la levée de l’anonymat des gamètes. D’où le retour au « père ». Ainsi va la condition humaine.

Le communiqué de la secrétaire d’État eut ses étapes et ses registres, ses champs lexicaux, labourés scolairement, avec les modalisateurs obligés : "évidemment", "très clairement" et la métonymie de LMPT. Il y eut l’aveu macronien "J’en assume la responsabilité" et même la dénégation finale de l’idéologie assumée "Je parle sans sectarisme".

Ce morceau de rhétorique élémentaire était calculé : le maître est en difficulté sur tous les fronts. Or, il y a le package sociétal à faire passer. Même le Président Macron, dans son discours du CRIF, a mis en garde contre toute forme de barbarie : entendez toute « discrimination ».

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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