Le Pen et Salvini : l’hystérie de Loiseau, Moscovici et des autres !

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Nos hommes et femmes politiques sont, décidément, de plus en plus sensibles. Une telle délicatesse est évidemment louable, même si pas toujours compatible avec l’exercice de la fonction. Ainsi, Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, a-t-elle été terriblement choquée par de récents propos de Marine Le Pen, tenus lors de sa rentrée politique, à Fréjus.

Il y avait, effectivement, de quoi arborer une mine de démocrate indignée, qu’on en juge : "L’UE, ou l’URSS, devrait-on dire, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, c’est une dictature populicide, comme le dénonce le philosophe Michel Onfray, qui use de violence contre les peuples." C’est tout ? Eh bien, oui, c’est tout. Pas de quoi fouetter un eurocrate ? Eh bien, si.

Nathalie Loiseau, donc : "Les propos d’estrade de Marine Le Pen sont insultants pour ceux des États membres qui ont eu à subir dans le passé le joug de Moscou." Certes, la référence historique de la présidente du Rassemblement national peut être sujette à débat. Mais l’argument peut aussi se retourner comme un gant, voire même une chaussette trouée, sachant que madame Loiseau et ses pairs ont usé et abusé de tels parallèles. Lesquels étaient autrement plus « insultants », puisque comparant Le Pen père à Hitler - rien de moins. Ce qui pouvait paraître tout aussi « insultant » pour les victimes du nazisme et s’apparenter à une « banalisation » du même nazisme.

Et Nathalie Loiseau de poursuivre : "Comment peut-on comparer l’Union européenne et l’URSS ? Aucun État ni aucun peuple n’a rejoint l’UE sous la contrainte." C’est parfaitement exact, à ce détail près qu’aujourd’hui, ces États et leurs peuples respectifs sont menacés des pires avanies pour peu qu’ils manifestent la moindre velléité de quitter le paradis européen. Un peu comme à la belle époque soviétique, somme toute.

Le commissaire européen Pierre Moscovici ne pouvait que venir à la rescousse de Nathalie Loiseau : "Je pense quand même qu’il y a un climat qui ressemble quand même beaucoup aux années trente en ce moment. […] Il faut comparer les choses : il n’y a heureusement pas de bruits de bottes, il n’y a pas d’Hitler. Des petits Mussolini… ça reste à vérifier." Vérificateur de bruits de bottes, encore un nouvel emploi aidé ?

On ne sait pas si Matteo Salvini, le très dynamique ministre de l’Intérieur italien, est un nouveau Mussolini, grand ou « petit ». Mais on ne saurait lui dénier un certain sens de la repartie : "Le commissaire européen Moscovici, au lieu de censurer sa France qui rejette les immigrés à Vintimille, qui a bombardé la Libye et qui a enfreint les critères européens, attaque l’Italie et parle sans réfléchir de nombreux petits Mussolini en Europe. Qu’il se lave la bouche avant d’insulter l’Italie, les Italiens et leur gouvernement légitime."

Au fait, si Salvini est suspect d’être un « petit Mussolini » en puissance, Moscovici n’aurait-il pas, lui, été jadis un « petit Trotski » ? Loin de nous l’idée d’insulter sa folle jeunesse, mais avant de devenir un technocrate chauve, il fut un trotskiste chevelu, lorsque militant à la Ligue communiste révolutionnaire, mouvement dont le guide incontesté, Alain Krivine, prônait la guerre civile tout en assurant que droits de l’homme et démocratie n’étaient que des vices bourgeois ; ce qui peut aussi se discuter de manière tout aussi légitime.

Ce qui, en revanche, ne saurait se discuter, c’est qu’en matière de massacres, Mussolini, quoique venu de la gauche du Parti socialiste italien (un cousin de Moscovici, donc), n’était qu’un enfant, comparé à Trotski. Bref, avant de convoquer l’Histoire dans leurs polémiques de basse-cour, Moscovici et Loiseau seraient bien inspiré d’ouvrir quelques livres avant de l’ouvrir tout court.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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