Le cannabis nouveau est arrivé ? Ça ne devrait pas inciter à le consommer et moins encore à le légaliser

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Comment une plante multimillénaire, le cannabis indica, peut-elle voir sa toxicité s’intensifier ? Quatre raisons principales à cela :
- la teneur en son principe psychotrope et psychotoxique, le tétrahydrocannabinol = THC, a été multiplié par 6,5 en 25 ans ;
- l’apparition de nouveaux modes de consommation, qui intensifient considérablement la cession du THC à l’organisme ;
- la précocité croissante de ses premiers usages ;
- la très bonne connaissance que l’on a désormais de ses méfaits multiples et souvent graves.

Les teneurs en THC ont été accrues par le recours à des cultivars nouveaux, issus de sélections, voire de manipulations génétiques (ce qui ne trouble pas les écologistes) et la mise au point de conditions de culture optimisées.

Outre les « joints » de résine (ou haschisch) égrenée dans du tabac et les « pétards » fabriqués à partir de la plante elle-même (marijuana), s’est développée « l’huile de cannabis » à très haute teneur en THC, obtenue par extraction du haschisch au moyen de solvants organiques, suivie de leur évaporation. Cette huile est déposée sur une cigarette commune, ou bien alimente une cigarette électronique (e-cigarette /vapoteur). Ajoutons à cela la pipe à eau, « chicha » (évoquée récemment sur Boulevard Voltaire), qui permet de multiplier par 100, le volume de fumée inhalée.

C’est maintenant au collège, entre 12 et 15 ans, que nos mômes font connaissance avec cette saleté ; car plus tôt l’essayer, c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer.

La résine de cannabis élève de 200°C la température de combustion de l’élément végétal (chanvre ou tabac), ce qui génère 5 à 7 fois plus de goudrons cancérigènes et d’oxyde de carbone que le seul tabac (responsable annuellement de 69.000 morts en France).

Le cannabis est à l’origine, outre de cancers des voies respiratoires, de bronchites chroniques, de la diminution des défenses immunitaires, d’artérites, d’accidents vasculaires cérébraux, de déclenchements d’infarctus du myocarde, de perturbations de la grossesse et des enfants qui en naîtront, de graves troubles psychiques et psychiatriques. Parmi ces derniers : l’ivresse et ses conséquences routières, professionnelles et éducatives ; les troubles anxieux, les dépressions de l’humeur et les risques suicidaires associés ; l’incitation à la consommation d’autres drogues, avec les désormais si communes poly toxicomanies ; la survenue de novo d’une schizophrénie, ou la décompensation d’une vulnérabilité à cette très grave affection, ou l’intensification de ses troubles.
J’étais récemment confronté, sur RTL, à un infirmier anesthésiste, qui faisait miroiter l’idée qu’il avait présentée au Président de la République (pas moins) : la culture de cannabis dans son département de la Creuse. Il promettait de créer quelques six cents emplois. Je crois qu’il en créerait bien davantage avec la prise en charge des victimes collatérales, dans les centres d’urgences des victimes de la route, dans les services hospitaliers, dans les hôpitaux psychiatriques qui débordent de recrues toxicomanes, dans l’éducation nationale pour palier la crétinisation développée par cette drogue.

Voilà comment pour anesthésier les crédules on peut à partir d’une fausse bonne idée, née peut-être au lendemain d’une garde agitée, aboutir à une vraie mauvaise et bien dangereuse idée. Il devrait s’excuser auprès du Président de cette énorme incongruité.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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