L’autoconservation des ovocytes est en marche !

Actuellement interdite en France, mais couramment contournée grâce aux pays limitrophes, l’autoconservation des ovocytes vient de recevoir un avis consultatif favorable de l’Académie de médecine.

On attend, par ailleurs, incessamment celui du Comité consultatif national d’éthique sur l’aide médicale à la procréation (notamment pour les femmes homosexuelles). Après les conquêtes de la pilule et de l'avortement, la question concerne les femmes qui choisissent (ou acceptent ?) de "gérer" leur fécondité en retardant l'âge de leurs grossesses. Choix de vie en nette augmentation, lié à des motifs divers comme la consolidation préalable d'une carrière ou l'absence de rencontre avec l'homme idéal. Aujourd'hui, les accouchements de quadragénaires sont cinq fois plus nombreux que dans les années 80. Or, on sait qu'après 35 ans, la fertilité commence à chuter, et plus fortement encore après 40. L’autoconservation des ovocytes prélevés avant 35 ans permet donc de retarder cette horloge biologique pour effectuer une fécondation in vitro à un âge tardif. On sait qu'aux États-Unis, de grandes entreprises comme Google ou Facebook proposent déjà d’aider leurs salariées à congeler leurs ovocytes.

Proposent… ou incitent ? Parce que, comme chaque fois que la législation envisage d'accompagner l'évolution des mœurs, ou d'obtempérer à une demande communautaire, la dérive n'est jamais loin. D'une part, il y a les extrémistes militants, féministes en tête, mais aussi scientifiques comme l'Italien Antinori qui mit au monde le bébé d'une femme de… 62 ans. Avant cet exploit, il avait créé, dès 1993, le premier "fils-frère", en prélevant l'ovule fécondé d'une mère pour inséminer sa fille ! D'autre part, la marchandisation du corps humain comme en Grèce où, du fait de la crise économique, le "don" d'ovocytes (en réalité la vente) est en passe de devenir une industrie pour les femmes jeunes. Et, synthèse des deux dérives, la start-up Darwin Life du médecin américain John Zhang, qui propose des FIV à trois parents pour des femmes âgées de 42 à 47 ans. Pour la modique somme de 100 000 dollars. Mais c'est pour la bonne cause : "rajeunir les ovocytes"…

Même s'il y a encore loin entre ces délires et l’autoconservation des ovocytes actuellement en discussion chez nous, on peut se demander si la Sécu, toujours bonne fille, mettra la main à la poche pour ces pratiques de convenance personnelle. Pour l'heure, la majorité des opinions penche pour que le coût revienne aux femmes concernées. Dans un pays recordman du monde des prélèvements sociaux, mais où le reste à charge moyen pour un patient avec un fauteuil roulant électrique est de 1.850 €, cela paraît logique…

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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