Avec Laurent Wauquiez , enfin une clarification à droite ?

Laurent Wauquiez, qui vient d'annoncer sa candidature à la présidence de LR dans Le Figaro, a lancé sa précampagne à Châteaurenard dans les Bouches-du-Rhône mercredi soir. Sans doute une référence à MM. Sarkozy et Copé, qui en avaient fait de même il y a un an, pour la campagne de la primaire de la droite et du centre. Pour une droite abonnée aux défaites, ce n'est pas forcément de bon augure. Mais M. Wauquiez veut au moins, par ce signe, envoyer un clin d’œil appuyé aux militants, et certainement, en ces terres frontistes, au-delà : sa ligne sera celle d'une droite assumée, forte et identitaire.

Dans un entretien à La Provence, il ne s'en cache d'ailleurs pas :

Ce coin de Provence [...] incarne cette France qui travaille et qui n'oublie pas ses traditions. Elle est fière de son identité, c'est ce que je défends. […] Je viens dans un endroit où les gens savent que la droite ne doit pas oublier d'être à droite pour parler aux Français. Ils n'aiment pas qu'on fasse du filet d'eau tiède, mais aiment qu'on dise les choses clairement. Je veux sonner enfin le réveil de l'opposition. Faire renaître un espoir à droite.

Tel est donc le credo du futur chef du parti, assorti comme il se doit, d'une promesse de "rassemblement". En fait, toujours la même chanson impossible à entonner sans fausse note. Toujours la même ambiguïté de départ : le péché originel de la fondation par M. Juppé de l'UMP, en 2002, ce rassemblement qui voulut fondre RPR et UDF.

Un pari perdu car M. Bayrou s'en tint à l'écart, jouant au faiseur de rois à gauche, avec Hollande puis Macron, et peu à peu les électeurs de droite quittèrent le bateau pour le Front national. Et depuis 2002, c'est la même histoire : les élus trahissent et les électeurs s'enfuient.

Pari perdu aussi car jamais cet appareil ne parvint à faire élire son candidat. À l'exception de M. Sarkozy en 2007. Mais, justement, M. Sarkozy fut élu sur une ligne de droite forte, en pleine opposition avec la bâtardise originelle de l'UMP.

Ne serait-il pas enfin l'heure d'acter le décès du mariage-mirage conçu par M. Juppé ?

D'ailleurs, M. Solère, féroce opposant à M. Wauquiez et ami « constructif » du gouvernement Philippe, ne dit pas autre chose quand il déclare, sur Radio Classique, "que les Républicains sont morts au soir du premier tour de l'élection présidentielle". Mais accuser M. Wauquiez d'être "le fossoyeur de la droite française telle qu'elle a vécu maintenant depuis un peu plus de quinze ans, c'est-à-dire une union de la droite et du centre", c'est sacrément hypocrite de la part de celui qui fut le Monsieur Loyal de la primaire et qui, dès qu'il le put, trahit la ligne et le candidat désignés !

Si M. Wauquiez veut vraiment ouvrir un espace nouveau à droite, il ne pourra y parvenir que par un extraordinaire effort de transgression. À la manière de M. Macron, il ne pourra émerger que par un parricide : celui de M. Juppé, le concepteur de cet attelage improbable de la droite et du centre. Or, M. Juppé, pourtant sèchement congédié comme M. Hollande, joue toujours les autorités et prétend "fixer des lignes rouges" à ne pas franchir, la principale étant celle du rapprochement avec le Front national.

Pour le moment, M. Wauquiez, qui parle beaucoup d'« audace », n'a pas eu celle-là (campagne interne oblige) quand il assure au Figaro :

Personne au sein des Républicains ne veut d'alliance avec l'extrême droite. Arrêtons d'utiliser cet épouvantail totalement fictif.

"Personne" ? Chez les chefs, peut-être. Mais pas chez les électeurs.

À l'heure où les centristes sont, de fait, déjà partis, et où les choses évoluent aussi du côté du Front national, notamment à l'initiative de M. Ménard, M. Wauquiez n'aura pas d'autre choix que de franchir cette ligne. Une question de temps. Et d'audace.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois