Cette nouvelle affaire Benalla, du nom de ce collaborateur de l’Élysée accusé d'avoir violemment frappé un manifestant le 1er mai dernier, ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. En effet, ce genre d'individu, connu des services officiels, de l'administration et, souvent, de très nombreux journalistes qu'il renseigne régulièrement, hante le paysage politique et policier depuis la nuit des temps. Benalla n'est ainsi qu'un spécimen de plus qui, parvenu à s'imposer dans le cercle présidentiel, n'a dû sa raison d'exister qu'à des "services" qu'il était amené à rendre, au quotidien, à ceux qui l'employaient en toute connaissance de cause.

Parfois chargés de mission de "basse police", ces "collaborateurs occasionnels du service public" apparaissent le plus souvent dans le sillage d'une personnalité politique. Membre d'un parti politique ou proche d'un élu national de premier plan, ils accèdent aux arcanes du pouvoir en même temps que celui ou celle qu'ils servent souvent comme chauffeur, garde du corps ou même confident, depuis de très nombreuses années. C'est ainsi qu'on les retrouve dans les ministères, chargés de fonctions diverses et variées et, à l'occasion, occultes. Mais aussi à l’Élysée, lorsque le cursus politique de la personnalité qu'ils suivent les y conduit. Sans doute est-ce le cas d'Alexandre Benalla qui, après avoir servi des membres éminents du Parti socialiste, se retrouve désormais aux côtés d'Emmanuel Macron. Car une autre pratique, couramment répandue, veut que ces "serviteurs zélés" soient laissés dans la succession lorsque leurs mentors quittent leurs fonctions officielles.

Benalla n'est donc pas une exception. Et nombreux sont les responsables policiers d'un certain niveau à avoir vu débarquer, un jour, dans leurs services ou lors d'une manifestation quelconque, ces "barbouzes" patentés de la République. Cette affaire doit donc être remise dans son contexte. Elle doit surtout être mise à profit pour s'interroger sur les errements d'un système politique qui a dérivé au fil des années pour devenir pire que ceux que nos dirigeants bien-pensants passent leur temps à dénoncer.

Mais croire que le monde politique est le seul concerné serait une erreur. Ainsi d'autres organisations, comme les syndicats, font parfois appel à ce genre de personnes peu recommandables. Parrainés par de hautes instances, ils s'installent auprès des dirigeants qu'ils servent aveuglément, profitant d'un anonymat qui conduit parfois aux pires excès. Tel est le cas de Benalla qui, sûr d'une impunité qui semblait lui être définitivement acquise, n'a pas hésité à s'introduire dans les rangs des forces de l'ordre lors de la manifestation du 1er mai pour se livrer à des violences inadmissibles.

Ce genre de pratique doit, bien évidemment, cesser. Tout d'abord en interdisant ces recrutements sauvages qui permettent à n'importe qui, au prétexte qu'on est parent, ami ou proche d'un politique ou d'une personnalité quelconque, d'accéder à des postes ou à des fonctions officiels. En rendant obligatoire, ensuite, la transparence des emplois au sein des ministères, des administrations et, a fortiori, de l’Élysée. En sanctionnant, enfin, avec fermeté, non seulement ceux qui se sont rendus coupables d'exactions ou d'abus de pouvoir ou d'autorité, mais également ceux qui les ont employés au mépris de toutes les règles statutaires et déontologiques. C'est à ce prix uniquement que la République retrouvera sa dignité.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/07/2018 à 0:38.

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19 juillet 2018 à 17:01

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