Il est admis que la vérité s’oppose au mensonge.

Or, de quelque manière qu’on l’aborde, il est difficile de ne pas considérer la gestation pour autrui comme un immense mensonge. Mensonge pour la mère porteuse, mensonge pour l’enfant objet d’un contrat, mensonge pour ceux qui se prêtent à cette activité, mensonge pour les politiques qui en autorisent la pratique, mensonge pour les médias qui en font la propagande, mensonge pour l’opinion publique qui ferme les yeux par lassitude, mensonge pour ceux qui pourraient empêcher et qui n’empêchent pas.

Malheureusement, à un mensonge de cette taille la vérité pure et simple paraît incapable de s’opposer. Rappeler innocemment qu’un enfant a besoin de la mère qui le porte, qu’il s’agit de l’intérêt supérieur de l’enfant, que cela est même démontré scientifiquement, semble être de peu de poids face à la nécessité révolutionnaire de la GPA.

La vérité n’est pas juste le contraire du mensonge, comme l’amour maternel n’est pas le contraire de la GPA. L’amour maternel est plus que le contraire de la GPA et la GPA est pire que le contraire de l’amour maternel.

C’est pourquoi il y a d’autres vérités moins aimables à dévoiler : le recours assumé à l’eugénisme de la procréation médicalement assistée, la revendication du droit à l’enfant au prix de son arrachement à la mère, l’esclavage des femmes dans les usines à bébés, le commerce concurrentiel d’êtres humains, la religion du transhumanisme où le scientisme et l’argent tiennent lieu de morale.

L’obstacle le plus difficile à vaincre est celui de la sincérité.

Des esprits avancés se font obligation de vanter l’amour désintéressé des parents pour l’enfant porté par autrui. L’erreur sincère est devenue un article de mode, hautement respectable, qui permet de ne plus porter le moindre jugement. Dès lors, pourquoi ne pas débarrasser la GPA de ses oripeaux détestables et lui racheter une virginité en la confiant à la médecine ? Le risque n’est pas nul puisque des propositions de loi en ce sens avaient déjà été présentées au Sénat en 2010.

La science procède par découvertes dont les applications sont qualifiées de progrès. Mais elle ne répond pas à la question de la légitimité des applications tirées de ces découvertes. La science ne suffit pas (et le marché encore moins) pour savoir si ce qui est faisable est un progrès. Seule la sagesse qui sait distinguer entre le vrai bien de l’homme, ses désirs volatiles et des majorités parlementaires éphémères peut répondre à la question. Et éviter à l’inculture contemporaine d’instrumentaliser Abraham et Sarah pour glorifier de juteux trafics.

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18 septembre 2018 à 19:21

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