La collection « Que sais-je ? », éditée par les Presses universitaires de France (PUF), c’est une institution, avec plus de 4.000 volumes publiés. Pour bon nombre de personnes qui veulent une introduction sur un sujet qu’ils ne maîtrisent pas, c’est un point d’entrée moins rebutant qu’une somme d’expert, qui ne prétend pas à l’exhaustivité ni à présenter toute la complexité d’un sujet, mais qui permet de bien le défricher avec une synthèse rapide et accessible au non-spécialiste. Le succès de ces mini-encyclopédies au format de poche ne se dément pas avec le temps, même s’il est vraisemblable que Wikipédia s’avère un concurrent sérieux.

Les Presses universitaires de France ont souhaité confier à l’avocate Caroline Mécary la rédaction d’un livre. L’avocate pavoise dans un tweet ainsi rédigé :

"#Videdavocate et hop hop hop contrat d’édition signé avec les #Puf pour un Que sais-je ? Intitulé pour le moment “PMA GPA les clefs du débat”. Remise du manuscrit le 29 janvier 2019, autant dire demain."

Faut-il présenter Caroline Mécary ? Cet avocat s’affiche comme spécialiste du droit de la famille dite LGBT et elle assume pleinement son militantisme. Elle est aussi capable de brandir, en hurlant à ses détracteurs, l’invective « homophobe » en plein plateau télé. Si la brigade féministe de la police de la pensée ou le Conseil de l’ordre des médecins ne veillaient aux propos publics tenus, je me risquerais à un diagnostic : « hystérique ». Bref, aux yeux des PUF, l’absence de neutralité de Caroline Mécary n’est pas un obstacle pour entamer un travail encyclopédique sur les sujets clivants où elle porte une parole militante.

Bien sûr, sur Twitter, on n’a pas manqué de réagir et de se gausser de la perte de neutralité prévisible. Parmi les couples (sujet/auteur) proposés par un tweetos à l’humour grinçant : la fraude fiscale par Jérôme Cahuzac ; les agressions sexuelles par Denis Baupin ; le racisme par Rokhaya Diallo ; la Culture par Cyril Hanouna, etc.

Écrire pour une encyclopédie oblige à contraindre sa plume – ou plutôt son clavier – à être factuel et objectif, à faire taire le militant autant que possible. C’est peut-être illusoire d’un point de vue individuel, mais c’est indispensable et l’aspect collectif de la rédaction et de l’édition tente d’éviter qu’un écrit militant passe pour une référence dans le monde de la connaissance.

Est-il inéluctable que le produit fini de Caroline Mécary soit un tract de propagande progressiste pour les dérives sociétales en matière de procréation ? Non, bien sûr. Les PUF peuvent retoquer une ou des versions qui seraient trop partiales. Et même – ne désespérons pas de la personne humaine – Caroline Mécary pourrait s’astreindre à écrire de façon aussi neutre que possible, à présenter de façon honnête les arguments de ceux qui s’opposent à la PMA et à la GPA. Il est, aussi, permis d’en douter.

À l’heure où trois chercheurs-zozos américains ont démontré de façon empirique que l’on pouvait recycler du Mein Kampf d’Adolphe Hitler dans une publication scientifique avec l’assentiment enthousiaste d’un comité de lecture, il conviendrait peut-être que les éditeurs soucieux de leur réputation se préoccupent de la qualité objective de leurs publications. La bien-pensance est mal nommée, ce n’est pas une « pensance » du tout, c’est un mimétisme social où la réflexion n’intervient pas ou peu.

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16 novembre 2018 à 9:51

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