Personnellement, je n'ai jamais trouvé Karim Benzema sympathique ni chaleureux et il m'a agacé plus d'une d'une fois quand, par exemple, ostensiblement il ne chantait pas "La Marseillaise".

J'ai bien conscience que cela relève de ma subjectivité et que d'autres n'ont pas la même appréciation sur lui. Même si apparemment, dans un sondage, 80 % des personnes interrogées ne souhaitent pas le retour de Karim Benzema en équipe de France, à supposer que ce type de questionnement soit fiable, ce que Karim Benzema a contesté.

En équipe de France, avant d'être ostracisé, il lui était arrivé de faire de très grands matchs et d'être décevant, par rapport à son talent, dans certains autres.

Au Real Madrid, il va probablement devenir le joueur français à la plus longue durée dans ce club exceptionnel et il semble y être estimé, au-delà des phrases toute faites de Zinédine Zidane, de manière unanime et sur tous les plans.

La procédure judiciaire qui l'a incriminé avant de le mettre hors de cause dans l'affaire de la sextape de Valbuena a justifié un temps, et légitimement, sa mise à l'écart de l'équipe de France.

Mais depuis ?

Je m'interroge et je le fais en tentant d'être le plus honnête possible. Puisque longtemps j'ai parfaitement admis la position du sélectionneur Didier Deschamps - globalement performant dans la mission qui lui a été confiée -, qui d'ailleurs n'en a jamais varié en considérant que les qualités sportives n'étaient pas tout et que l'implication dans le groupe et la sauvegarde de son entente étaient aussi importantes - ce qui est évident.

Pourquoi ai-je changé d'avis ?

Je continue à trouver absurde l'allégation de Karim Benzema selon qui Deschamps aurait cédé à la part "raciste" de la France.

Je persiste à regretter que Cantona, qui n'est plus à une provocation près, oppose au nom trop français de Didier Deschamps les noms, avec une autre consonance, des deux meilleurs joueurs français selon lui - Benzema et Ben Arfa - pour distiller le même reproche de racisme.

Il me semble cependant qu'aujourd'hui la cause de Karim Benzema mériterait d'être reconsidérée.

Pour deux motifs au moins.

D'une part on a appris que Noël Le Graët s'était engagé auprès de ce grand joueur impatient de jouer en France pour le championnat d'Europe et lui avait promis qu'il en serait. Le Graët et Deschamps n'ont pas tenu parole parce que le Premier ministre d'alors, Manuel Valls, serait intervenu pour les en dissuader. Que venait donc faire la politique dans cette affaire ?

D'autre part, autant il était facile de comprendre et d'approuver le refus initial de Deschamps, autant à la longue il est devenu aberrant, d'autant plus que le sélectionneur agacé par la répétition de ce sujet ne prenait même plus la peine d'expliquer pourquoi il demeurait sur la même ligne. Alors que, précisément, la situation de Karim Benzema avait changé et qu'on aurait attendu de sa part une argumentation différente. Englué dans un point de vue à l'origine pertinent, faute d'accepter de l'adapter, dorénavant il tourne au parti pris.

L'impression est d'une injustice face à laquelle on est gêné et dont on peine à démontrer la justesse.

Peut-être faut-il convenir que Karim Benzema, en dépit de tout ce qui pourrait lui donner une autre image (par exemple, il a décidé d'être totalement assujetti à la fiscalité française), reste "un bad boy", notamment à cause d'un environnement et de fidélités amicales discutés. Comme il est devenu très difficile, en public, de faire part de cette perception négative diffuse et instinctive, on préfère se taire.

Et c'est pire.

Je suis sûr que l'homme est découragé mais que le buteur piaffe.

Karim Benzema, aujourd'hui, est une victime.

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14 novembre 2017 à 11:53

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