Le député de Vaucluse Julien Aubert a alerté le ministre de l’Intérieur sur les actes antichrétiens (environ 1.000 par an). Pour Boulevard Voltaire, il analyse les raisons de la montée de ces violences vis-à-vis des lieux de culte catholique. Il réagit également à la politique du maintien de l'ordre du gouvernement dans le cadre des manifestations des gilets jaunes.

Vous avez interpellé le ministre de l’Intérieur, le 19 mars, sur le fait que deux églises sont attaquées ou profanées, chaque jour, dans notre pays. Vous lui avez demandé si on pouvait parler d’antichristianisme en France. Pourquoi avoir alerté le ministre sur cette question ?

Le ministre lui-même a reconnu un nombre d’actes incroyablement élevé. On en recense près de 1.000. Il semblerait qu’il puisse y avoir un motif. Je ne crois pas que ce soit accidentel. Il peut y avoir, à mon avis, des motifs politiques. La religion chrétienne est spécifiquement visée. Il faut donc le dire.

L’église Saint-Sulpice a été le théâtre d’un incendie criminel. Les actes contre les églises se multiplient. À quoi attribuez-vous cette montée de la violence vis-à-vis des lieux de culte chrétien ou catholique ?

C’est la question que j’ai posée à Christophe Castaner. Il faudrait avoir le profil des gens qui sont appréhendés. Je crois qu’il y a deux possibilités.
La première est la stupidité. Cette espèce de concours ou de volonté de la part de jeunes désœuvrés de s’attaquer à des lieux de culte pour faire parler d’eux. Comme ils voient que quelqu’un a fait quelque chose à Strasbourg, ils vont faire la même chose à côté de chez eux.
La deuxième explication possible est que ce soit lié à la mouvance islamiste. L’État islamique avait appelé ses "ressortissants" à s’attaquer aux synagogues et églises.
Pour répondre à la question que je pose, il faut appréhender les différentes personnes et progressivement reconstituer une explication plausible. Voilà pourquoi j’ai posé cette question à Christophe Castaner.

Les forces Sentinelle seront déployées dans Paris pour protéger les biens matériels des casseurs présents dans les manifestations de gilets jaunes. Êtes-vous favorable à cette mesure ?

Je ne suis pas véritablement favorable.
Premièrement, soit on déploie l’armée et, dans ce cas-là, c’est dans une logique militaire. Un soldat n’est pas fait pour maintenir l’ordre, il est formé pour faire la guerre. Je regrette qu’on utilise une partie de notre armée pour des fonctions qui sont des fonctions de police. Cela a déjà été un détournement dans le cadre de la lutte antiterroriste. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Je parlais à une députée de La République en marche qui me disait que Sentinelle était entre les forces de l’ordre et les forces militaires. Je pourrais avoir des militaires de ma circonscription qui font partie de Sentinelle. On ne s’engage pas dans l’armée pour garder un bâtiment.
Deuxièmement, contrairement à un policier qui est formé au maintien de l’ordre, si, demain, une troupe d’énergumènes s’en prend à des soldats et que ces derniers font usage de leur arme, il ne faudra pas s’étonner. Par définition, les règles d’engagement du militaire ne sont pas les mêmes. On a affaire à des gens qui sont faits pour se battre et qui sont armés. Je crois que c’est un mélange des genres qui laisse entendre que l’État n’a pas la capacité de gérer 2.000 casseurs sur les Champs-Élysées sans avoir recours à l’armée alors que nous sommes reconnus pour la qualité de nos forces de maintien de l’ordre.

L’acte XVIII des gilets jaunes a été émaillé d’énormément de violence, à tel point que le préfet de police de Paris a été limogé. On a beaucoup pointé du doigt la responsabilité de Christophe Castaner dans cette gestion. Christophe Castaner doit-il, selon vous, être maintenu à son poste ?

Je me rappelle que le Président Macron avait affirmé qu’il fallait en finir avec la République des fusibles et qu’il fallait que les politiques prennent leurs responsabilités. Garder Christophe Castaner au ministère, c’est l’absoudre de toute responsabilité.
On nous explique que les ordres du ministre n’ont pas été exécutés. On peut, simplement, se demander pourquoi le ministre de l’Intérieur n’était pas dans le centre de commandement la journée de l’émeute. Il aurait, ainsi, pu réaliser que la doctrine du maintien de l’ordre qu’il avait demandé de modifier n’était pas appliquée par la préfecture de Paris. Les instructions qu’il avait également données sur la répartition, entre les deux directions de la préfecture qui se partagent le maintien de l’ordre, n’avaient pas été opérées.
Il est assez compliqué, pour un ministre, de dire qu’il regardait ailleurs. Le Premier ministre était, lui aussi, visiblement inaccessible toute une partie de la journée. Tout cela engage la responsabilité politique du gouvernement. Donc, Castaner doit partir.

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21 mars 2019 à 15:35

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