Le gouvernement rwandais met en cause une nouvelle fois la France. Pour Bernard Lugan, accuser l'armée française d'avoir participé au génocide est surréaliste. Selon lui, le but en est d'influencer à la fois la classe politique et la justice françaises, et c'est la faiblesse française qui entretient la mauvaise foi du président Kagame. Selon Bernard Lugan, Nicolas Sarkozy s'est couché devant ces accusations, François Hollande s'est mis à plat ventre. Il espère donc que Macron va défendre l'honneur du pays et de l'armée française.

Ces accusations sont récurrentes. Nous sommes dans la résurgence de ces accusations.
Elles sont produites chaque fois qu'il y a, soit une avancée judiciaire dans l'enquête française concernant l'attentat du 6 avril 1994 qui est à l'origine du déclenchement du génocide, soit au début de chaque quinquennat.

Le gouvernement rwandais veut influencer à la fois la classe politique française et la justice française. Cela a pour but de faire ralentir ou de faire obstacle à cette instruction judiciaire sur cet attentat du 6 avril 1994.

À l'époque du Président Sarkozy, cela était facile. Au sein même du gouvernement rwandais, quelqu'un était assez proche de lui en la personne de monsieur Kouchner.

Sous le quinquennat de monsieur Hollande, cela l'était également. Madame le garde des Sceaux était une amie du régime rwandais.

Dans le cas du quinquennat actuel, il n'y a pas les mêmes facilités, il n'y a pas les mêmes personnes liées intimement au régime rwandais.

On rappelle que le génocide rwandais entre Tutsis et Hutus a commencé avec un attentat envers l'avion qui transportait le président hutu.

D'où viennent les accusations envers la France ?

C'est très simple : nous sommes face à la mauvaise foi complète du régime de Kigali. Cette mauvaise foi est entretenue par la faiblesse des autorités françaises. La réponse est très simple. Les derniers soldats français ont quitté le Rwanda au mois de décembre 1993. Il n'est resté, comme soldats français, que le personnel de garde de l'ambassade, c'est-à-dire une douzaine d'hommes. Il n'y avait donc plus de soldats français au Rwanda. Le contingent français est parti à la demande expresse du futur régime rwandais. Celui-ci a exigé le départ du contingent français pour pouvoir continuer le processus de paix.

En fait, le FPR (Front patriotique rwandais) voulait que les Français puissent partir de façon à reprendre la guerre et pouvoir vaincre l'armée hutue sans qu'il y ait la présence française qui l'aurait empêché. Fin décembre 1993, les derniers soldats français sont donc partis. Plus de trois mois plus tard, le génocide commence dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, c'est-à-dire plus de trois mois plus tard.

Accuser la France est absolument surréaliste.

Vous condamnez donc catégoriquement la théorie consistant à faire croire à une éventuelle participation de la France à ce génocide ?

Ce n'est pas une théorie. C'est un mensonge. C'est une diffamation. Il est absolument scandaleux que les autorités politiques françaises n'interviennent pas. Le Président Sarkozy s'est couché devant les accusations. Le Président Hollande s'est mis à plat ventre. J'espère que le Président Macron va, au moins, défendre l'honneur du pays et de l'armée française.

Quel intérêt aurait le président Kagame à laisser courir ces accusations ? Ce serait pour le couvrir lui-même ?

Son intérêt est très simple. Il faut absolument qu'une fausse Histoire soit écrite. La fausse Histoire est la suivante :
"Le génocide était programmé par les Hutus, dits extrémistes, qui ont eux-mêmes assassinés leur propre président. Un coup d'État, dans la nuit du 6 au 7 avril, allait ainsi permettre de mettre en pratique le génocide programmé."
Voilà la théorie officielle de l'Histoire officielle du gouvernement rwandais.

Or, nous savons, premièrement, aujourd'hui, après les travaux du Tribunal pénal international, après les recherches historiques, après les centaines, les milliers d'articles qui ont été écrits sur la question, que ce ne sont pas les Hutus qui ont assassiné le président Habyarimana. On ne sait pas qui, mais on sait que ce ne sont pas les Hutus. On sait qu'ils n'avaient pas les missiles en question. Ces missiles provenaient d'un stock du FPR mais, en tout cas, pas de l'armée rwandaise.

Deuxièmement, il n'y a pas eu de coup d'État dans la nuit du 6 au 7 avril. Au contraire, les militaires, devant le vide du pouvoir, font appel à l'ONU pour demander à l'ONU qu'un processus de paix soit poursuivi.

Troisièmement, dans la nuit même, dans les heures qui suivent l'assassinat du président Habyarimana, le FPR, c'est-à-dire le régime actuel de Kigali, lance une offensive généralisée sur l'ensemble du Rwanda. Cette offensive était programmée à l'avance, elle, puisque les stocks d'armes et de ravitaillements étaient disséminés dans toute la zone dans laquelle allait avancer cette armée.
Il y a donc eu une manipulation complète du côté des actuelles autorités du Rwanda. Pour essayer de dresser un nuage de fumée, on attaque la France.

Comme la France, ectoplasme mollasson, ne se défend pas, on tape de plus en plus dans cet édredon qui ne se défend pas.
Cela continuera tant qu'il n'y aura pas une intervention au plus haut niveau politique pour dire au président Kagame "Maintenant, cela suffit. Vous arrêtez, parce que nous avons les moyens de mettre en évidence votre responsabilité."
D'ailleurs, la justice française est en cours de travaux là-dessus.
Mais tant qu'il n'y aura pas de décision politique ferme, virile en face, cela continuera.

C'est exactement la même chose qu'avec l'Algérie.
Nous sommes exactement dans le même cas de figure.
Comme la France ne se défend pas face aux accusations complètement folles et surréalistes qui sont mises en avant par le régime Bouteflika, par le FLN, eh bien, ils continuent à avancer.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/07/2017 à 10:08.

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03 juillet 2017 à 23:28

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