Le Sénat a rejeté, en commission, le texte de loi anti-"fake news". Au micro de Boulevard Voltaire, Jean-Yves Le Gallou s'élève contre ce texte remettant en cause, selon lui, la liberté d'expression et d'opinion.

Le Sénat a rejeté, en commission, les textes de loi anti-"fake news". Est-ce une bonne nouvelle pour la liberté d’expression ?

C’est en effet une bonne nouvelle, mais qui n'est probablement que provisoire. Je pense que l’Assemblée nationale, qui a le dernier mot en matière législative, finira par voter ce texte scélérat dans la mesure où il est voulu par le clan Macron.
La forte opposition du Sénat est néanmoins intéressante. Nombre de courants s'y sont opposés : Les Républicains, le Rassemblement national, l’Union centriste et les socialistes. De surcroît, ils s'y sont opposés avant même qu’il ne vienne en discussion. Ils considèrent donc que ce texte n’est pas amendable. Il ne l’est pas, en effet, car c'est un texte liberticide et qui ne peut être que liberticide, étant donné l’esprit dans lequel il est fait.

Nous avons l’impression que, dans de nombreux pays du monde, les lois contre les "fake news" se multiplient. Doit-on craindre que cette volonté de contrôler la liberté d’opinion sur le web se multiplie dans les autres pays ?

Une grande période de liberté du Web s’est achevée en 2015/2016, à la suite notamment de l’élection de Trump et du Brexit. Cela a changé la manière de voir les choses dans les pays occidentaux qui, jusqu’ici, avaient accepté le développement d’un espace de liberté. Cette liberté a longtemps été garantie par le premier amendement de la Constitution des États-Unis. Cet amendement protège la liberté d’expression comme un principe fondamental.
Ce principe est mis en cause, aujourd'hui, dans un certain nombre de pays européens. En Belgique, la tentative a été repoussée pour l’instant, mais en Allemagne, une loi de type loi Macron en pire a été adoptée.
Les libertés d’Internet sont menacées partout. Internet n’est pas contrôlé par les pouvoirs, car les points de vue y sont émis par un ensemble d’acteurs. Certains sont, certes, contestables, mais le principe de la liberté d’expression réside précisément dans la possibilité d'exprimer différents points de vue. À partir de ces différences de points de vue, chacun peut se faire une opinion et approcher la vérité.
Dans la pensée occidentale et européenne, ne peut être dit vrai que ce qui peut être librement contesté.
On a tout à fait le droit de dire que Macron est beau, intelligent, excellent et qu’il a une bonne politique, à condition que l’on puisse dire l’inverse. À l’issue de cela, chacun peut se faire son opinion.

On a un peu l'impression qu'on peut penser ce qu'on veut, dans la mesure seulement où cela n’influence pas notre vote.

Oui, mais je pense que la liberté de pensée est inséparable de la liberté d’expression. Si on pense quelque chose, on doit pouvoir l’exprimer, ne serait-ce que pour le confronter à autrui et avoir une validation ou une invalidation. Je ne crois pas que la liberté d’expression et la liberté de pensée soient dissociables.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/07/2018 à 19:46.

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18 juillet 2018 à 18:07

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