Jean-Michel Blanquer : un sage dans la volière du gouvernement ?

Ce vendredi matin, sur une chaîne d’information en continu, on ne parle que du dernier rebondissement de la succession de Johnny : David et Laura auraient bénéficié de donations du vivant de leur père. Pour une somme de trois millions d’euros environ. Rien à voir, cependant, avec la centaine de millions que représenterait l’héritage du chanteur. Un spectacle de jeux du cirque où le champion est déjà mort et où l’on se dispute ses trophées. Une histoire de famille donnée en pâture au public.

Mieux eût valu mettre l’accent sur « L’Émission politique » de la veille où Jean-Michel Blanquer "a cassé la baraque", comme l’a résumé Brice Teinturier, directeur général d’Ipsos France : selon le sondage réalisé pendant l’émission, il aurait convaincu 75 % des téléspectateurs, sympathisants de tous les partis. Le précédent record était détenu par Édouard Philippe, le Premier ministre, qui culminait à un modeste 52 %.

"J’en suis presque ému. Je reçois ce chiffre avec humilité et plaisir", a commenté, modeste, le ministre de l’Éducation nationale. Il a, pendant deux heures, défendu sa politique, fait la promotion de ses réformes, d’un ton à la fois déterminé et mesuré, ne s’emportant un peu que lors de sa confrontation avec Alexis Corbière, député de La France insoumise, qui s’amusait visiblement à le titiller.

L’approbation des Français s’explique, semble-t-il, par le don de Jean-Michel Blanquer à parler d’éducation sans entretenir les clivages, guidé par une qualité dont il répète le nom : le bon sens. Il est étonnant de constater que, mis à part des syndicats en extinction d’influence ou des associations de parents ou d’élèves ne représentant qu’eux-mêmes, les Français font bloc autour des propositions du ministre.
Cette confiance – mot qui fait partie de son vocabulaire depuis toujours, quand il était recteur de l’académie de Créteil, puis DGESCO (directeur général de l’enseignement scolaire) – lui impose de ne pas décevoir dans les mesures qu’il compte mettre en œuvre et augmente sa responsabilité. On ne lui pardonnerait pas d’y faillir.

Si, comme lui, tous les ministres dominaient leur sujet et ne laissaient pas, à chaque instant, transpirer leur allégeance à leur maître, voire leur incompétence, nul doute que le président de la République et son gouvernement seraient plus populaires. Mais leur médiocrité ou leur arrivisme sont tels qu’on en arrive à se demander ce que Jean-Michel Blanquer est venu faire dans cette galère.

La rénovation du baccalauréat, la réforme du lycée qui va en découler, la revalorisation du métier de professeur – qui passe, comme l’a souligné le ministre, par des mesures financières, mais aussi par une restauration de leur autorité et une reconnaissance de la nation – doivent aboutir à un système éducatif qui arme les élèves pour l’avenir, en en promouvant le maximum tout en permettant aux meilleurs, quel que soit leur milieu socio-culturel, de se distinguer dans les domaines où ils ont le plus de talents.

Pendant que j’écris cet article, j’écoute, d’une oreille distraite, Christian Estrosi, invité matinal de Jean-Jacques Bourdin, qui répète qu’il veut être un "partenaire" de Macron pour faire gagner la France. Je suis rassuré, si l’on peut dire : les vieux politiciens existent toujours, avec leur opportunisme, leurs idées convenues et leur langue de bois ! Ce n’est pas demain que cessera le combat de ceux qui rejettent la bien-pensance et se battent pour que chacun puisse penser par lui-même.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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