Jean-Jacques Goldman redevient la personnalité préférée des Français : tout est rentré dans l’ordre (ou presque)

Comme tous les ans à pareille époque, le JDD nous révèle les résultats du sondage IFOP annuel sur la personnalité préférée des Français. Acteurs, chanteurs ou sportifs à l'allure sympathique et aux propos consensuels y devancent, en général, les personnalités politiques du moment.

Et, dans cette enquête où les Français se révèlent d'une grande constance, le moindre mouvement est scruté avec intérêt. Souvenez-vous du grand bouleversement de l'an dernier : Omar Sy prenait la tête du classement, détrônant le chanteur Jean-Jacques Goldman, et Marine Le Pen y faisait une entrée fracassante, à la 37e place, devenant la personnalité politique préférée des Français.

C'était avant le bouleversement électoral du printemps et la victoire d'Emmanuel Macron. Du coup, Marine Le Pen a disparu de ce classement, remplacée par le Président, qui se situe à la 34e place. Logique.

Mais il y a eu d'autres mouvements : au sommet, Omar Sy, l'acteur d'Intouchables, a cédé sa première place à Jean-Jacques Goldman, et le judoka Teddy Riner régresse à la troisième place.

L'an dernier, l'irruption de Marine Le Pen et la promotion d'Omar Sy, qui avait prévenu qu'il quitterait la France si elle était élue, traduisaient l'inquiétude des Français devant les incertitudes de l'année électorale qui s'annonçait. Aujourd'hui, avec l'élection d'Emmanuel Macron, tout semble rentrer dans l'ordre : Marine Le Pen a été évincée du classement et les Français ne ressentent plus le besoin de promouvoir, à la tête de ce classement, une figure des minorités de couleur. Soulagement à tous les étages...

À y réfléchir davantage, la domination de ce chanteur qui se disait « rocardien », inspirateur des Enfoirés, des Restos du cœur et, en même temps, auteur de certains textes de Johnny, correspond parfaitement à la philosophie du macronisme. Et pas simplement dans son versant consensuel mou. Mais aussi dans ses transgressions vers la droite et dans la nécessité de comprendre les inquiétudes et les angoisses identitaires d'un peuple.

La preuve ? Sa célèbre chanson de 1990, "Né en 17 à Leidenstadt", où sont successivement évoqués, avec délicatesse et respect, sans manichéisme ni leçon facile, un Allemand élevé dans la perspective de la revanche contre le diktat de Versailles, un Irlandais de Belfast et une Sud-Africaine blanche - autrement dit des symboles d'identités menacées à l'origine de violents conflits. La morale de la chanson, au-delà du « Qu'aurions-nous fait à leur place ? », c'est qu'on ne peut pas balayer d'un revers de main bien-pensant et culpabilisateur cette angoisse des peuples. Sous peine de la laisser dériver vers la violence.

En prenant au sérieux (mais jusqu'où ?) l'inquiétude identitaire des Français qui n'ont eu, pour l'exprimer, que le recours au vote Marine Le Pen, Emmanuel Macron semble inspiré par cette sagesse.

Finalement, que le subtil Jean-Jacques Goldman ait détrôné Omar Sy a peut-être plus de signification qu'on ne le pensait.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois