Installer des crèches dans des lieux publics, c’est rendre hommage à l’histoire de son pays

Crèche à la Maison-Blanche
Crèche à la Maison-Blanche

Pour la deuxième année consécutive, Melania Trump a souhaité célébrer la fête de Noël en installant une crèche à la Maison-Blanche. On n'imagine guère son homologue Brigitte faire de même à l'Élysée : ce serait un crime de lèse-laïcité. Pourtant, la « fille aînée de l'Église », comme le rappela Jean-Paul II, lors de son premier voyage en France, aurait toutes les raisons d'honorer la naissance de Jésus : existerait-elle sans son passé chrétien ?

La première dame des États-Unis a voulu, plus généralement, rendre hommage à l'histoire américaine. La crèche, vieille de trois siècles, est composée de vingt-deux figurines en bois. Les rois mages sont déjà présents, montés sur un cheval, comme il se doit au pays des cow-boys, l'Enfant Jésus, un peu en avance sur le calendrier. Mais qu'importe ! Il s'agit moins de donner à l'événement une signification purement religieuse que de rappeler le passé chrétien des États-Unis.

En France, les responsables politiques qui s'aventurent à installer des crèches dans des lieux publics subissent régulièrement les attaques des défenseurs de la laïcité, comme s'ils mettaient la République en danger. On peut se demander qui sont les plus dangereux : ceux qui veulent rattacher la France à sa culture chrétienne ou ceux qui veulent la couper de ses racines ? Si l'on devait raboter de notre patrimoine artistique et culturel toutes les références chrétiennes, il ne resterait plus grand-chose.

Pour échapper à cette forme de censure, on est contraint de ruser. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s'était vu reprocher, en 2016, d'installer une crèche au conseil régional : il « méconnaissait le principe de neutralité, en l'absence de caractère culturel, artistique ou festival ». Il remplaça donc, en 2017, l'objet du délit par une exposition sur l'art des santonniers – pour la plus grande satisfaction du tribunal, qui note : « Elle présente [...] quatre vitrines de crèches réalisées par des maîtres artisans et créateurs de santons haut-savoyard, altiligérien, ardéchois et cantalien [...]. » L'honneur de la laïcité est sauf !

Robert Ménard, un brin provocateur, a choisi d'appliquer à la lettre la décision du tribunal administratif de Montpellier, qui lui interdit de placer la crèche « dans l’enceinte du bâtiment public qui abrite le siège de la commune ». Il l'a donc déplacée, à l'aide de roulettes, sous le porche de la mairie. Comment les juges vont-ils réagir puisque la crèche sacrilège n'est plus dans l'enceinte même ? On se souvient de la polémique autour de la statue de Jean-Paul II, à Ploërmel, qui dut être déplacée parce qu'elle était surmontée d'une croix. Où ne va pas se nicher l'intolérance de ces laïcistes zélés ?

Au nom d'une conception étriquée de la laïcité, ils prennent un malin plaisir à dénoncer et à attaquer en justice des symboles de l'identité chrétienne de la France. Chacun se demandera s'ils défendent ainsi le principe de laïcité et de neutralité des personnes publiques ou s'ils visent d'abord la religion catholique. Allez savoir pourquoi ! Rappeler les origines chrétiennes de la France n'est pas porter atteinte à la laïcité, c'est rendre hommage à l'histoire de son pays.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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