Ils vont crucifier La Croix !

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Le journal, bien sûr. Celui qui s’affiche comme le quotidien de référence des catholiques français. Celui qui, malgré cette étiquette, sombre parfois dans un relativisme que Benoît XVI pourfendait naguère avec l’acuité de son intelligence. Des contentieux se font jour entre certains catholiques et ce journal censé être leur porte-étendard : un éditorial qui se réjouit de la légalisation de l’avortement en Irlande, un article qui minore sciemment les chiffres de fréquentation de la dernière Marche pour la vie, la publication que certains trouveront biaisée et sans recul d’un sondage favorable à la PMA. La rédaction semble avoir choisi entre la rigueur du dogme et les sirènes du siècle.

Mais ce ne sont pas les catholiques rigoureux qui planteront les clous pour cette crucifixion. Ils se contentent de ne pas se réabonner, de cesser d’acheter et de lire ce journal. Certes, ils ne résisteront pas à faire savoir au journal que son titre usurpe une qualité qu’il ne démontre plus : celui d’être un journal chrétien. Cela s’appelle une opinion.

Alors, qui veut pendre ce journal au bois de la Croix ? Fin du suspense, il s’agit du lobby LGBT. Il faut dire que La Croix l’a bien cherché, ils ont osé inclure, pour certains abonnés, une lettre d’appel aux dons de la Manif pour tous dans leur édition du 6 septembre ! Alors, la machine à lyncher se met en marche, la curée peut commencer : Joël Deumier, de SOS Homophobie, Clémence Allezard, de France Culture, et l’association des familles homoparentales crient à l’homophobie, Alice Coffin exige des excuses, l’association des journalistes LGBTI (cette entreprise de lobbying auprès des journalistes et médias au service des idéologies homosexualistes et assimilées) se fend d’un communiqué sur Facebook où elle met en cause la déontologie du journal, sa capacité d’informer (comme si un lecteur de quotidien ne savait pas faire la différence entre du rédactionnel et un encart publicitaire !) et l’engagement du journal à lutter contre les discriminations. Bref, de l’outrance, du bruit et de la fureur.

Rien n’est anodin. Le petit monde de la bien-pensance se conduit en maître parce qu’il s’imagine l’être, et que rien n’a été fait pour lui démontrer l’inverse. Après la colère et les menaces de Pierre Bergé quand Le Monde avait fait paraître un encart publicitaire de la Manif pour tous en 2013, ce journal n’a pas récidivé, à ma connaissance. Pastichant Saint-Just, ces gens-là proclament « Pas de liberté éditoriale pour les ennemis de notre monopole éditorial ».

Pourtant, les médias - les journaux, en particulier - devraient se poser les bonnes question. Peuvent-ils se passer de recettes publicitaires ? Peuvent-ils durablement perdre une audience payante du fait de leur soumission à une bien-pensance dont plus grand monde ne veut ? Peuvent-ils espérer regagner la fidélité d’une audience en sabotant la qualité de ce qu’ils publient ? Et, enfin, s’ils cèdent encore et toujours à la meute qui hurle et dénie le droit à une opinion autre, finiront-ils par réaliser qu’ils travaillent pour un totalitarisme qui avance masqué ?

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