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Ainsi donc les Éditions Paquet viennent-elles de publier le dernier tome (n° 3) consacré à la courte mais remarquable et intense vie de Jean-Corentin Carré, celui que l’on honore comme plus jeune poilu de la Première Guerre mondiale. En cette période de centenaire de la Grande Guerre, il est temps de rendre justice aux héros oubliés, à ceux qui, par devoir, par patriotisme, ont voulu repousser « le Boche », conserver l’intégrité de notre territoire et retrouver les frontières d’avant 1870, avec l’Alsace et la Lorraine.

L’histoire de Corentin Carré est en soi un roman. Né le 9 janvier 1900 au Faouët (Morbihan), il est remarqué pour sa précocité intellectuelle. En 1912, son maître d’école le recommande au percepteur de sa ville, qui l’emploie comme commis aux écritures. Deux ans plus tard, la guerre éclate et le jeune Corentin veut suivre son père mobilisé. Mais il est bien trop jeune.

En avril 1915, il annonce à ses parents sa décision de quitter la France pour l’Amérique latine. Ce n’est qu’un mensonge. En fait, il se présente au bureau de recrutement de Pau. Il déclare s’appeler Auguste Duthoy, né le 10 avril 1897 à Rumigny (Ardennes). Rumigny est située dans la zone envahie. Les autorités militaires françaises sont dans l’incapacité de contacter cette municipalité pour confirmer son état civil. Voici Corentin incorporé au 410e régiment d’infanterie. Après six mois de classes, il est nommé caporal et monte au front le 20 octobre 1915 dans le secteur du Mesnil-lès-Hurlus. Nommé sergent en juin 1916, il est cité le 15 novembre et reçoit la croix de guerre.

Quelques semaines plus tard, alors qu’il va avoir 17 ans, l’âge légal pour un engagement militaire, il adresse un courrier à son colonel. Il lui avoue son stratagème et lui demande de souscrire un nouvel engagement sous sa véritable identité. Or, il vient juste d’être nommé adjudant. Son mensonge dévoilé, il redevient simple soldat et se voit retirer sa croix de guerre. Mais, très ardent au front, il est vite réhabilité dans son grade et ses décorations. Il est ensuite, à sa demande, versé dans l’aviation. Il effectue une formation à Étampes et à Avord, puis rejoint en septembre 1917 l’escadrille SO 229. Le 18 mars 1918, alors qu’il est en mission de reconnaissance au-dessus de Verdun, il est abattu par trois avions ennemis. D’ailleurs, aucun d’eux ne revendique la victoire ! Il décède à l’hôpital complémentaire de Souilly le jour même, comme l’indique sa fiche "Mort pour la France".

C’est tout à la gloire et à l’honneur des scénaristes et dessinateurs de faire revivre ce personnage attachant. D’autres poilus mériteraient qu’on conte leur histoire : ainsi celle du jeune Désiré Bianco, né le 4 avril 1902 à Caraglio, dans le Piémont (Italie). Jeune immigré, habitant le quartier populaire de Menpenti à Marseille. Têtu, il parvient à s’engager au 58e régiment d’infanterie coloniale et trouve une mort glorieuse le 8 mai 1915 sur le front d’Orient. Que dire, aussi, du plus vieux poilu, Charles Surugue, qui s’engage en 1915 à l’âge de 76 ans, qui participe à de nombreux combats et termine la guerre vivant et décoré ?http://www.bvoltaire.fr/18-aout-1916-charles-surugue-un-poilu-de-78-ans/. Ils sont nombreux, dans l’un ou l’autre cas, jeune ou aîné, à avoir choisi la France et la défendre, pour son territoire et ses valeurs. Honneurs à ces valeureux soldats et aux centaines de milliers d’autres ! Nous ne les oublions pas !

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17 novembre 2017 à 11:47

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