Henri Chamard préside l'association "Union des mémoires de Lanester". Cette association a pour vocation de faire débaptiser l'avenue Hô-Chi-Minh, du nom du leader communiste artisan de l'indépendance du Vietnam.

Pour lui, on ne peut glorifier ainsi des personnalités ayant commis des crimes contre la France et son armée.

Cette logique peut également s'appliquer pour les nombreuses rues Staline et Lénine existantes dans les anciens bastions communistes.

Quel est le but de votre association ?

Nous souhaitons faire débaptiser l'avenue Hô Chi Minh de la commune de Lanester, qui se trouve dans la banlieue de Lorient. On peut en effet légitimement se poser la question de l'opportunité de glorifier en France une figure comme Hö Chi Minh, responsable de l'internement et de la torture dizaines de milliers de soldats français dans des camps de concentration et d'horribles exactions auprès des populations civiles. Les membres de l'association et moi-même considérons qu'il n'est pas normal qu'une commune française puisse glorifier cette personne.

Vous parlez de la rue Hô Chi Minh à Lanester, mais d'autres font également polémique comme les rues Staline ou Lénine. Devraient-elles être débaptisées selon vous ?

On peut en tout cas légitimement se poser la question de la présence de ces noms de rues dans notre pays. Qu'on le veuille ou non, ils représentent objectivement des totalitarismes violents et meurtriers. Les maires devraient se positionner et avoir le bon sens nécessaire pour faire la part des choses.
La commune de Lanester n'a pas voulu nous entendre dans une demande de médiation. C'est la raison pour laquelle nous en sommes arrivés à une action en justice. Toute personne sensée devrait pourtant comprendre qu'il peut y avoir un malaise vis-à-vis de ces noms-là.

La commune de Lanester a gagné et le nom de la rue restera. N'y a-t-il pas dans votre démarche une volonté de réécrire l'Histoire selon le prise qui nous arrangerait le mieux, comme cela s'est passé avec certaines statues que l'on déboulonne aux États-Unis ou en France ?

Nommer une rue est évidemment une démarche politique. La commune se positionne ainsi par rapport à la personne qu'on essaye de mettre en valeur. Lanester est un ancien bastion communiste lié aux chantiers navals de Lorient. C'est ce qui explique le nom de cette rue.
Pour nous, en revanche, ce n'est pas une démarche politique, mais une simple démarche citoyenne. Nous demandons s'il est bien normal qu'en 2018, nous ayons encore une rue en France qui célèbre des leaders communistes qui ont, comme Hô Chi Minh, du sang de soldats français et de leur propre population sur les mains.

Qu'avez-vous prévu de faire maintenant ?

Nous avons fait appel du jugement. Ces procès demandent malheureusement beaucoup de temps, d'énergie et d'implication. Nous espérons que la Cour d'appel reviendra sur sa décision de la première instance. Leur argumentation repose sur le fait qu'il n'y ait pas trouble à l'ordre public. Cette réponse est totalement aberrante. Ce n'est pas une question d'ordre ou de désordre, mais de savoir comment on peut légitimement glorifier Hô Chi Minh en France.

Votre combat rejoint-il selon vous celui des indigènes de la République qui souhaitent débaptiser les noms des penseurs qui se revendiquaient par exemple pour l'esclavagisme ?

Pas tout à fait. Nous ne sommes pas dans une démarche politique. Nous sommes apolitiques et ne nous inscrivons que dans une démarche de bon sens. Il y a tellement de figures nationales et internationales qu'on peut mettre en avant en leur donnant le nom d'une rue, qu'il serait préférable d'éviter de donner le nom d'un bourreau à la place.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/08/2018 à 22:17.

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20 juillet 2018 à 16:45

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