Lors de l'interview qu'il a accordée à France 2, dimanche soir, Emmanuel Macron a déclaré que la guerre contre l'État islamique serait "gagnée d'ici mi, fin février". Cette échéance est-elle réaliste ou bien le président de la République a-t-il péché par optimisme ?

Au micro de Boulevard Voltaire, réaction du général Vincent Desportes.

Général Desportes, le 9 décembre dernier, le Premier ministre irakien avait dit : "On vient de gagner la guerre en Irak." Emmanuel Macron lui a rétorqué : "Nous gagnerons la guerre en Syrie d'ici à mi ou fin février." Emmanuel Macron pèche-t-il par optimisme ou cette prédiction vous paraît-elle réaliste ?

Tout d'abord, sur l'Irak, il faut constater que la déclaration du président irakien est politiquement optimiste. En disant cela, il s'adresse d'abord à son peuple qui a beaucoup souffert. Il est clair que les derniers éléments de Daech séjournant en Irak n'ont pas été détruits. Il y reste encore de vastes zones où les éléments de Daech sont infiltrés et continuent à vivre.
Ensuite, en Syrie, nous sommes à peu près dans la même situation. Il n'est pas impossible que, pour le printemps, les éléments physiques de Daech aient été détruits. Il se peut, en effet, que le califat, tel qu'il avait été instauré en 2014 par Al-Baghdadi, ait fini d'exister.
En revanche, il ne faut pas confondre le califat, l'organisation matérielle et physique, avec l'idéologie qui, elle, est très loin d'avoir disparu. On doit se rappeler qu'Al-Qaïda a subi de graves revers, mais qu'il vit en tant que tel depuis une vingtaine d'années. La destruction physique des éléments de Daech en Irak et en Syrie ne signifie donc pas, loin de là, la fin de l'idéologie de Daech.
Comme vous le savez, Daech a fait des émules. On trouve des éléments terroristes et djihadistes se revendiquant de Daech dans divers pays dont l'Afghanistan, mais aussi dans les Philippines, en Afrique noire, notamment au Nigeria, et en Libye.
La guerre contre Daech est donc très loin d'être terminée. La France devra continuer à y prendre sa part, car Daech avait indiqué que la France était son deuxième grand satan, le premier étant les États-Unis. Le risque d'attentats contre les ressortissants français, en France comme à l'étranger, existe toujours et existera longtemps.

Le terrorisme islamique est-il donc impossible à éradiquer ?

La menace émanant de l'islamisme radical est évidemment très loin d'être détruite, y compris en France.
Pour l'instant, la phase militaire est sur le point d'être achevée. Il restera une lutte idéologique et sociale qui va durer longtemps.
Ce qui a été gagné en Irak est la bataille dans une campagne. C'est la campagne sur le sol irakien. De même, il est certain que nous gagnerons demain la bataille de la campagne syrienne.
Cependant, la guerre en elle-même n'est pas gagnée. Elle demandera encore d'autres batailles d'une autre nature qui devront, elles aussi, être gagnées.

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18 décembre 2017 à 17:22

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