"Une chose dont on ne parle pas n'a jamais existé", disait Oscar Wilde. Sans doute le gouvernement comptait-il sur la sagacité de ce propos pour faire oublier les graves problèmes qui perdurent dans la région de Calais et, en particulier, à Grande-Synthe, relatifs à la présence de milliers de migrants, toujours plus nombreux et particulièrement actifs.

Après le démantèlement de la "jungle" de Calais, fin octobre 2016, qui avait vu la dispersion de plus de 7.000 migrants sur 450 centres d'hébergement dispersés en France, le gouvernement Hollande finissant et celui d'Emmanuel Macron nouvellement arrivé aux affaires pensaient certainement en avoir fini avec ce phénomène qui empoisonnait la vie politique française depuis plusieurs années. Mais cela était sans compter avec la constance et la persistance de ceux qui, pour des raisons diverses et variées, ont fait le choix de migrer dans notre pays et d'attendre, sur les rives de la Manche, un hypothétique passage en Grande-Bretagne. Ils sont donc, aujourd'hui, presque aussi nombreux qu'en 2016 à attendre le moment opportun d'un départ dont l'échéance ne cesse d'être repoussée.

Et si Macron, Philippe et Collomb espéraient que les médias se fassent encore discrets sur le sujet, c'est, cette fois, Damien Carême, le maire EELV de Grande-Synthe, qui interpelle dans un courrier le président de la République afin d'attirer son attention sur la situation "intolérable" qui sévit à nouveau sur place.

Bien entendu, la situation dans le Pas-de-Calais n'a jamais vraiment changé. De nombreux migrants, répartis sur l'ensemble du territoire national, sont revenus et des camps se sont réinstallés. Moins importants en termes de surfaces occupées, ce sont maintenant de nombreux squats qui retiennent l'attention des pouvoirs publics, manifestement une nouvelle fois dépassés par les événements. Ainsi, pas moins de quatre unités mobiles, CRS ou gendarmes mobiles, en plus des effectifs locaux, sont occupées en permanence afin de maintenir l'ordre public dans des conditions qui ne demandent qu'à se dégrader davantage.

Tout ceci était évidemment prévisible. En choisissant de ne pas traiter le problème au fond, le gouvernement auquel appartenait alors Emmanuel Macron a laissé la situation pourrir, se contentant, en procédant à des dispersions de circonstance, de repousser le problème à plus tard. Et une nouvelle fois, notre pays se trouve au pied du mur. Il est évident que le traitement de cette question passe par la reconduite à nos frontières, et dans leurs pays d'origine, de migrants dont la plupart se trouvent, de fait, en situation irrégulière depuis de nombreux mois. La menace que certains d'entre eux font peser sur notre sécurité vient, d'ailleurs, d'être mise en avant à l'occasion d'une opération menée sur place, à Grande-Synthe, justement, par les services de la police antiterroriste. En effet, plusieurs personnes appartenant à une association musulmane Centre Zahra France ont été interpellées et mises en garde à vue pour détention illégale d'armes et leur soutien marqué à plusieurs organisations terroristes.

Comme on pouvait s'en douter, rien n'est donc résolu sur place. Par ailleurs, la récente position de Theresa May, qui vient d'annoncer que son pays n'accueillerait que les migrants utiles à son économie - à savoir les plus qualifiés -, ne devrait pas être sans influence sur la suite des événements. La loi du silence qui s'était installée depuis plusieurs mois sur le sujet a donc volé en éclats. Et, comme il fallait s'y attendre, la réalité a fini par rattraper l'actualité.

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03 octobre 2018 à 10:01

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