Tel que Marie Delarue l'a écrit en ces colonnes (http://www.bvoltaire.fr/le-grand-debat-et-si-cetait-trop-tard/), à peine annoncé, le fameux grand débat promis par Emmanuel Macron connaît ses premiers ratés, avec la révélation des 14.666 euros mensuels perçus par Chantal Jouanno, nommée présidente de la Commission nationale du débat public, le 22 mars 2018. 14.666 euros ? C’est presque le salaire d’Emmanuel Macron ou d’Édouard Philippe, son Premier ministre, rémunérés, eux, à hauteur de 15.140 euros par mois.

La défense de Chantal Jouanno ? Elle n’est pas payée, stricto sensu, pour organiser le débat en question. C’est juste son salaire habituel, à la tête de ce comité Théodule employant dix fonctionnaires à l’année. Lequel a encore perçu quatre millions d’euros afin de mener à bien ces débats. Tel que justement rappelé par la même Marie Delarue, les revendications des gilets jaunes sont diverses et contradictoires. On ne sait pas toujours ce qu’ils veulent ; en revanche, on voit assez bien ce dont ils ne veulent plus.

En effet, Chantal Jouanno synthétise à elle seule ce que la politique est plus ou moins devenue : un simple plan de carrière. Elle fait son nid chez Nicolas Sarkozy après avoir tenté de fourbir ses premières armes chez Martine Aubry. De gauche à droite, puis de la droite au centre quand, soutenant la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, elle critique sa campagne, considérant qu’il emploie « les mots et l’agenda du Front national ». Devenue sénatrice, elle défend le mariage homosexuel à l’occasion d’une tribune publiée dans Le Monde, pour finalement passer de l’UMP à l’UDI. Chantal Jouanno ou cinquante nuances de centrisme…

Devant le tollé déclenché par le montant de sa rémunération, Chantal Jouanno semble pour le moment adopter un profil bas : « Je comprends les réactions […] Je pense que c’est important que les gens disent en quoi ça les choque. À la limite, s’ils veulent faire une proposition pour réviser ce salaire, ils en sont totalement libres. » « Totalement libres », vraiment ? À l’occasion d’un autre débat, organisé par ses soins, on imagine.

Au fait, quelles sont les prérogatives exactes du machin dont les Français viennent tout juste d’apprendre l’existence ? Créé en 1995 (encore une brillante idée chiraquienne…), la CNDP a pour mission de « veiller au respect de la participation du public au processus d’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement d’intérêt national de l’État, des collectivités territoriales, des établissements publics et des personnes privées, relevant de catégories d’opérations dont la liste est fixée par décret en Conseil d’État, dès lors qu’ils présentent de forts enjeux socio-économiques ou ont des impacts significatifs sur l’environnement ou l’aménagement du territoire » . Plus clair, on ne saurait faire. Dans les faits, le site de la CDNP nous apprend que divers débats ont déjà eu lieu : « Réduire les pollutions en santé environnement autour de l’étang de Berre » ; « projet de révision du schéma de mise en valeur de la mer du golfe du Morbihan » ; « projet d’élaboration du PLU de la commune de Saillans ». Sans oublier celui-ci, concernant l’impérieuse question de la « modification du règlement intérieur ».

Tous sujets grâce auxquels on constate que Chantal Jouanno et sa CDNP partent armées comme des Panzer dans le grand débat national qui s’annonce. Au fait, dernière question : Christophe Dettinger sera-t-il de la partie ? La rencontre entre Chantal Jouanno, ancienne championne de karaté, et le gilet jaune boxeur, dont les fans viennent de réunir une cagnotte de plus de cent mille euros afin d’assurer sa défense – argent qui, lui, n’a pas été piqué au contribuable, précisons –, pourrait être des plus intéressantes.

Elle, on ne sait pas trop bien si elle est de gauche ou de droite. Quant à lui, il est peut-être de gauche, même si ayant démontré qu’il avait également une assez jolie droite.

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08 janvier 2019 à 20:18

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