Gouverner, c’est trancher les nœuds gordiens !

louis-xiv

Chassez le naturel, il revient au galop ! L’habitude est prise de parler au lieu d’agir, en répétant les discours de la campagne électorale. L’annonce, en forme de communication, de mesures ponctuelles, légales, réglementaires, procédurales, financières, techniques est à nouveau utilisée pour faire croire à la solution des problèmes. (La santé publique, davantage menacée par le cannabis, ne se limite pas au prix du tabac et la rénovation de l’école ne se confond pas avec les rythmes scolaires.)

Cette méthode peut plaire à ceux qui ont réussi à accéder au pouvoir, tout en laissant de côté ceux qui ne sont rien. Le comment faire ne suffit pas, il faut dire pourquoi faire. La politique de réformes exige de rechercher les causes des phénomènes à corriger, de fixer les objectifs et les finalités à moyen et long terme, afin que chaque citoyen comprenne ce qui va être entrepris au nom du peuple.

Ainsi, il est inévitable et urgent de dissiper les écrans de fumée et d’attaquer en toute priorité les trois défis qui mettent en grave péril la maison France : le désastre financier, dénoncé par la Cour des comptes et dont dépendent les moyens d’une politique efficace, le chômage qui conditionne ou empoisonne la vie des Français, l’immigration qui met en cause la civilisation d’une nation de 2.000 ans. Ce sont trois nœuds gordiens qu’il faut trancher sans délai car ils expriment la réelle préoccupation populaire. Le reste (la moralisation de la vie publique et le droit du travail) est une affaire de confiance et de comportement des élus, qui ne sauraient se confondre avec la loi. De même le saut dans le mondialisme et la fusion dans l’Europe suscitent la méfiance des Français.

En définitive, la France d’aujourd’hui a besoin du réalisme et du courage de ses dirigeants, tenus d’abattre les véritables cartes. En effet, il s’agit de dire la vérité et d’agir en conformité avec les réalités. Les problèmes à résoudre sont suffisamment connus dans leur complexité pour que les décisions soient prises sans contorsions tactiques. Par exemple, la réduction effective de la dépense publique qui conditionne le niveau des impôts, la baisse des charges sociales par l’épuration des profiteurs sans contribution, l’état des lieux exhaustif pour apprécier l’impact réel de l’immigration et l’application stricte de la laïcité, l’arrêt de la provocation migratoire, la sélection par concours pour accéder à l’enseignement supérieur (comme dans la plupart des grands pays), le maintien ou la disparition de la collectivité départementale, dont une loi avait déjà fixé le sort, le soutien à l’éducation par la famille parentale.

Ces quelques pistes constituent des défis incontournables pour un gouvernement à l’écoute respectueuse du peuple. On ne peut plus se contenter du diktat d’une majorité à l’Assemblée nationale, qui a été portée par moins de 30 % des électeurs inscrits, alors que 70 % ont volontairement dédaigné de participer à l’élection en s’abstenant de différentes façons.

Or, ce peuple d’hommes et de femmes, qui élèvent leurs enfants, payent leurs impôts sans tricher, méritent ce qu’ils gagnent, subissent les injustices et l’insécurité, doit avoir son mot à dire dans la conduite de la nation. La classe politique serait bien inspirée de ne pas s’en tenir à l’apparence du changement et de mettre en œuvre des comportements exemplaires, comportant l’humilité et l’austérité pour les dirigeants, en réservant l’ambition de la première place à la seule France.

Paul Bernard
Paul Bernard
Docteur en droit, préfet de région honoraire, ancien préfet de la région Corse, président d'honneur de l’Association du Corps préfectoral

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