Gilets jaunes, acte III : la manifestation de tous les dangers

Violences sur les Champs-Elysées

Après les violences et les destructions intervenues à l'occasion de la manifestation des gilets jaunes, le 24 novembre dernier, sur les Champs-Élysées, celle programmée pour ce premier jour de décembre est placée sous haute surveillance. Hors de question, en effet, tant pour la cause défendue par les manifestants que pour la crédibilité du ministre de l'Intérieur, que de nouveaux blessés et d'autres désordres soient à déplorer lors de ce mouvement populaire constitué, dans son immense majorité, de citoyens respectueux de l'ordre républicain.

D’un point de vue strictement technique, il est vrai que ce genre de rassemblement spontané est particulièrement difficile à gérer.

En premier lieu, parce qu'aucun organisateur n'est clairement identifié. Rappelons que la loi, qui fait obligation de déclarer toute manifestation de voie publique (heure et lieu de rassemblement, parcours éventuellement emprunté par les manifestants, identité des leaders, appartenance à un syndicat, à une association ou à un collectif quelconque...), permet aussi de mettre en place, d'un commun accord avec les responsables de ces manifestations, les modalités de sa sécurisation. Force est de constater que ces dispositions, le 24 novembre dernier, n'avaient pu être mises en œuvre. À cela s'étaient ajoutées un certain nombre d'erreurs de la part des autorités chargées de gérer ce vaste mouvement.

D'abord, en concentrant un nombre important d'unités au même endroit, en l'occurrence le bas des Champs-Élysées, laissant une grande partie de l'avenue largement accessible aux casseurs. Ensuite, en laissant divers chantiers de voirie sans protection ni surveillance. Ces chantiers servirent alors de réservoirs à projectiles à certains "manifestants". Enfin, en laissant impunément des membres identifiés de mouvements extrémistes accéder à la manifestation.

Pour ce samedi 1er décembre, la leçon semble, au moins en partie, avoir été retenue. Ainsi, les Champs-Élysées seront exclusivement réservés aux piétons. Cette mesure est, en effet, de nature à éviter toute altercation et tout accident avec des automobilistes. Par ailleurs, des contrôles rigoureux (identités, sacs à dos...) aux différents points d'accès à la manifestation seront mis en œuvre. Enfin, le nombre d'unités de police et de gendarmerie engagées devrait quasiment être doublé. Ces mesures, qui auraient dû être mises en place dès la semaine dernière, sont bien évidemment indispensables.

Par ailleurs, il faut, sur la base des informations recueillies par le renseignement territorial parisien, que tous les casseurs potentiels, connus et identifiés, soient interpellés dès leur arrivée sur les lieux du rassemblement. Une procédure de contrôle d'identité systématique doit être mise en œuvre afin d'éloigner, le temps de la manifestation, tout risque de dérapage. Bien entendu, il appartient également aux gilets jaunes de se conformer aux règles édictées par la loi en matière de manifestation. Il serait, évidemment, souhaitable qu'un service d'ordre interne puisse se mettre en place afin d'encadrer (au sens propre du terme) une foule qui, dans son immense majorité, ne demandera qu'à manifester dans le calme. Il est néanmoins évident qu'en matière d'ordre public, le risque zéro de débordements n'existe pas. Même encadrés par des centrales syndicales expérimentées, les casseurs ont souvent su et pu s'infiltrer dans les manifestations pour se livrer à des exactions.

Mais l'ordre public relève, in fine, de la responsabilité des pouvoirs publics. Et la désignation de responsables extérieurs à laquelle s'est livré monsieur Castaner lors des dernières manifestations ne saurait l’exonérer de ses obligations. En acceptant son poste, il en a accepté les devoirs. Et s'il n'en a pas l'envergure, qu'il cède sa place.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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