Presque chaque "cause" a sa journée internationale : au nombre de 119, ces fêtes laïques sont des moments dédiés à la mise en avant desdites causes au moyen de "méthodes de sensibilisation", un euphémisme pour désigner la propagande de masse. Le 17 mai est consacré à la lutte contre l'homophobie. Une occasion, pour certains, de se mettre du rouge à lèvres et de s'habiller en rose afin de témoigner sa solidarité aux LGBT.

Cette année, elle s'inscrit dans un climat pour le moins préoccupant. En effet, depuis un mois, la République autonome de Tchétchénie est accusée de procéder à des persécutions, des internements, voire des assassinats de personnes homosexuelles.

L'information provient du journal russe Novaïa Gazeta (Новая газета), qui a révélé ces présumées exactions au mois d'avril. Selon le journal d'opposition, plus de cent gays auraient été tués et plusieurs centaines croupiraient dans des "camps de concentration" pilotés par le régime.

Convoqué à Moscou pour s'expliquer, le président tchétchène Ramzan Kadyrov (Рамзан Кадыров) a démenti en bloc toute persécution, traitant de "provocateurs" les auteurs de ces rumeurs. Vladimir Poutine a néanmoins demandé que le dossier soit saisi par le parquet général russe, qui a bouclé l'affaire après un mois d'enquête, n'ayant reçu "aucune plainte, ni aucun signalement de victime". Les choses auraient pu en rester là.

C'était sans compter sur l'œil vigilant de l'Occident qui, dubitatif quant à la version des autorités russes, s'est fait le relais des révélations de Novaïa Gazeta. La journée du 17 mai fut donc une occasion, pour les médias occidentaux et les jeunes, de montrer leur indignation et leur so-so-so-solidarité : manifestations avec des drapeaux arc-en-ciel, hashtags #UrgenceTchétchénie, photos de baisers langoureux postés sur les réseaux sociaux, pétitions en tout genre... Bref, de quoi faire trembler un guerrier tchétchène.

Enfin, trois associations LGBT françaises ont déposé plainte contre Kadyrov auprès de la Cour pénale internationale pour "génocide". On rappellera seulement qu'un "génocide" est l'extermination programmée d'un peuple par un autre. L'existence d'un peuple gay reste encore à prouver…

Malgré sa formulation erronée, la plainte a été acceptée par la CPI, qui procédera à une enquête pour déterminer la véracité des faits et décider d'un éventuel renvoi de Kadyrov devant la Cour. Ce dernier s'est néanmoins dit "prêt" à collaborer avec la justice internationale, tout en affirmant qu'il n'y a "pas de gays en Tchétchénie". Impensable pour le Parlement européen qui, par la bouche de la députée Ulrike Lunacek, enjoint pédagogiquement au peuple tchétchène de reconnaître que cela a "toujours existé, dans toutes les cultures".

Ainsi, après avoir adulé la Tchétchénie par réflexe antirusse, l'Occident la voue désormais aux gémonies en en faisant une contrée de sauvages qu'il faudrait "civiliser" par la force des baïonnettes comme au bon vieux temps du colonialisme.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:14.

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20 mai 2017 à 18:13

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