Quelques députés de La République en marche sont au bout du rouleau (compresseur). Fatigue morale, épuisement physique, l’élu « En marche ! » a le blues, à tel point qu’un groupe de soutien est sur le point d’être créé par une dizaine d’élus macroniens toujours sur le pont. Une dizaine de survivants qui vont tenter de ramener à la surface ces naufragés de la vie parlementaire. Comme prévu, le député débutant choisi à la va-vite ne tient pas la distance. « Ah, ben si j’aurais su, j’aurais venu », s’exclame le blanc-bec sorti de nulle part et propulsé député-faute-de-mieux.

Une centaine d’élus et adhérents ont démissionné collectivement vendredi avant le Congrès. Manque de démocratie interne. Critique du mode de scrutin… En marche puis en grève. Que faire, face à ce découragement ? Cellule de crise, appui psychologique, soutien moral… Boulevard Voltaire suggère un lâcher de psys dans l’Hémicycle. Du psy élevé en plein air, garanti sans colorant ni conservateur. Allongé sur son banc, chaque élu de « La République encore un peu en marche » pourrait raconter son enfance malheureuse, décrire la cruauté du gourou, énumérer ses désillusions… Le tout retransmis sur La Chaîne parlementaire. Gros carton sur la ménagère qui délaisserait Les Feux de l’amour pour ce mélodrame télévisuel d’un nouveau genre. Dans ce contexte, Boris Cyrulnik a toutes les chances d’être sollicité pour le perchoir.

Plus sobrement, les députés sauveteurs semblent envisager l’opération « remontage de moral » sous la forme de réunions de groupes façon « Alcooliques anonymes ». À l’inverse, les animateurs s’efforceront de faire replonger les participants dans le macronisme chronique. Pour rester fidèle au charabia anglais, l’opération s’intitule "Care". Plus tape-à-l’œil que « soutien ». Moins loser. Ni vu ni connu, je t’embrouille la déroute dans un langage de winner ! Waterloo sonnait anglais aussi.

Frédérique Dumas, élue des Hauts-de-Seine, explique que "chaque député peut aller voir un député du Care en toute confiance". La prononciation « care » étant "caire", certains élus en détresse et pas très futés vont aller consulter en Égypte… À la recherche d’un député local compatissant. De graves quiproquos sont à redouter.

Tous ces essoufflés de la marche macronienne ne sont, hélas, pas au bout de leur peine. "Le calendrier législatif du premier trimestre 2018 sera très intense", a prévenu l’entourage d’Édouard Philippe. "Ca va continuer", a ajouté un autre, comme pour finir de ruiner le moral des découragés. Tandis que les uns mettent en place une cellule psychologique bien douillette, les autres sapent le travail en promettant les flammes de l’enfer à ces pauvres dépités. L’Élysée ne peut rester insensible à cette cacophonie. La possibilité que chacun trouve le moyen par lui-même de sortir de cette lassitude s’appellerait l’auto-Care… De quoi séduire Emmanuel Macron… Ou comment passer de « en marche ! » à « en route ! »

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22 novembre 2017 à 18:41

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