Franck Ferrand lâché par Europe 1 : dommage pour l’Histoire !

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Vulgarisateur de l’Histoire souvent décrié, Franck Ferrand va prochainement quitter les ondes d’Europe 1 où il animait l’émission "Au cœur de l’histoire". Nouveau coup dur après l’arrêt, quelques années plus tôt, de "L’Ombre d’un doute", sur France 3.

Donc, « après quinze ans à servir l’histoire à l'antenne d’Europe 1 ("Au cœur de l’Histoire" a été précédée par huit ans d’émissions d’histoire de formats et d’appellations variés), voilà donc ce grand artiste remercié », écrit Guillaume Perrault dans Le Figaro.

En ces temps où l’on nous martèle – à raison – que notre patrimoine est en danger, il semble étonnant qu’une telle décision ait pu être prise sans aucune raison avancée, même si l’intéressé a déclaré avec fair-play, sur le plateau de Jean-Marc Morandini, que "cette émission, nous la faisons depuis des années, il n’était pas question qu’elle soit éternelle. Il est normal qu’une émission naisse, vive et meure un jour" (CNews).

Comme Danton, haranguant l’Assemblée devant l’approche des armées austro-prussiennes, invitait à en avoir, Ferrand a pourtant une indéniable audace en matière d’Histoire, prêt à s’enthousiasmer pour des thèses qui prêtent à caution et alimentent inévitablement la controverse, comme, par exemple, sa certitude que la mythique guerre de Troie a bien eu lieu.

Quoi qu’on en pense, n’est-ce pas cela, qui fait vivre l’Histoire et la rend si attractive ? Elle n’est pas un pensum mais bel et bien une dynamique. Seulement voilà, à une époque où certaines vérités ne sont pas admissibles – voir la participation de chefs africains à la traite des Noirs ou encore la conquête de l’Algérie répondant d’abord à une nécessité de neutraliser les Barbaresques, pirates musulmans écumant la Méditerranée pour y semer la terreur –, tout ce qui sort du cadre relève du complotisme, et bientôt de la loi, avec la chasse aux fake news. Désormais, gare à celui qui douterait de l’existence de Shakespeare, en qui il ne verrait qu’un prête-nom !

On nous l’assure doctement, « Ferrand est connu pour ses positions semi-complotistes et sensationnalistes » (Le Point). Certes, il y a de l’extravagance chez lui – comme il y en avait chez Alain Decaux –, mais il a le mérite d’ouvrir des portes, sachant par ailleurs que le consensus permanent est dangereux quand il s’agit d’Histoire. Il existe, heureusement, des volontés pour la bousculer. Dans le cas contraire, le Moyen Âge se réduirait à ceci : "Il faudrait pouvoir reproduire, dans leur lenteur impitoyable, mille ans que l’humanité passa sous cette pluie de douleurs qui tombait goutte à goutte, et chaque goutte perçait jusqu’aux os" (Michelet, Histoire de la Révolution française).

Franck Ferrand est un aventurier de l’Histoire, et il est presque certain qu’on le retrouvera pour abonder dans son sens ou le contredire, qu’importe. Car, pour ma part, loin du snobisme universitaire, dont j’ai pu goûter les réelles vanités et les excès, je lui sais gré de faire entrer l’Histoire dans les foyers.

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