La Fédération nationale de l’aviation marchande appelle à l’aide

En France, le prix d’un billet d’avion est constitué jusqu’à 43 % par des taxes, dont certaines sont spécifiques à notre pays. Existent, ainsi, un prélèvement pour la DRAC (Direction de l’aviation civile) de 4,40 € à 7,92 € (payé également à un taux moindre par les passagers en transit), une redevance passager dont le montant dépend de la taille de l’aéroport (entre 2,60 € et 13 €). Enfin, on applique la taxe dite « Chirac », qui n’a rien à voir avec l’aviation, mais est destinée à la lutte contre le paludisme, la polio et autres maladies tropicales et est reversée à un organisme international, l’UNITAID. Conçu au départ pour être universel, seuls neuf pays, dont trois en Europe (France, Grande-Bretagne et Norvège) ont finalement mis en œuvre ce prélèvement, dont le montant varie entre 4,40 € et 45 €.

En outre, un jugement récent oblige désormais l’État à indemniser le propriétaire d’un logement riverain d’un aéroport. Concrètement, dans le cas où votre maison se serait vendue 100.000 € de plus si elle avait été dans un environnement calme, on vous remboursera la différence. Il est normal que le propriétaire concerné par cette mesure et qui s’était installé avant la construction ou la montée en puissance d’une installation aéroportuaire soit dédommagé, mais que dire de ceux qui ont acheté en toute connaissance de cause, en voulant profiter des facilités d’accès (ils sont les plus nombreux) ? Cependant, le jugement définitif ne fait aucune distinction et, en fin de compte, bien entendu, c’est l’usager qui réglera la note (et elle sera salée !).

Le résultat est catastrophique. Dans le nord de la France, région très peuplée, les habitants se ruent vers Charleroi ou Bruxelles, là où sont installées nombre de compagnies low cost. Et le constat est le même pour toutes les autres régions périphériques.

La Fédération nationale de l’aviation marchande (FNAM) pousse un cri d’alerte : 16.000 emplois pour les cinq années qui viennent seraient menacés dans cette filière à cause du poids des taxes locales, des charges et de la fiscalité. La part du pavillon français au départ de notre pays est passée, en 10 ans, de 54 % à 45 %. Les facilités commerciales accordées aux compagnies du Golfe (en échange de la vente de Rafale ou pour des raisons politiques) ont accentué ce déclin. Ces entreprises, largement subventionnées par leurs gouvernements (pratiquant, en clair, du dumping !) ont obtenu de créer des liaisons entre des aéroports régionaux comme Nice et ceux de la péninsule Arabique. Les clients peuvent ensuite repartir à bas prix vers l’Asie. Autant d’usagers en moins pour Air France !

La FNAM demande un moratoire de cinq ans, que le cadre fiscal reste stable, qu’aucun prélèvement nouveau ne soit inventé et qu’aucune charge ne soit créée. Elle estime que le déficit par rapport aux sociétés étrangères est de 1,6 milliard d’euros, dont la moitié pourrait être corrigée sans rien coûter à l’État. Le prochain gouvernement entendra-t-il ce cri ou inventera-t-il encore une nouvelle taxe prétendument de solidarité ?

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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