Emmanuel Macron l'avait annoncé lors de sa campagne : son épouse aurait "un rôle public" à ses côtés. "Il faut que la personne qui vit avec vous puisse avoir un rôle, qu'elle soit reconnue dans ce rôle", affirmait-il en avril dernier sur TF1. Soit une officialisation du statut de première dame.

Car, contrairement aux États-Unis, la loi française ne prévoit aucun statut juridique pour l'épouse du chef de l'État. Malgré cela, les "premières dames" se sont toujours investies dans des projets sociaux et humanitaires. En outre, elles ont des collaborateurs, un bureau, des chauffeurs et des gardes du corps. Faute de budget alloué, leurs dépenses sont prélevées sur le budget de l'Élysée : 450.000 euros annuels lors du court passage élyséen de Valérie Trierweiler.

Brigitte Macron a d'ores et déjà fait savoir qu'elle comptait notamment s'investir dans l'éducation et le handicap. Ses visites discrètes dans des centres pour enfants handicapés augurent en effet d'un intérêt pour ce domaine hélas trop délaissé. "Elle ne sera pas rémunérée par le contribuable", assure l'Élysée.

Faut-il donc clarifier les choses et "mettre fin à une forme d'hypocrisie française", comme le suggère Emmanuel Macron ? Les pratiques opaques et informelles des mandats précédents ont, en effet, valu aux premières dames d'être "critiquées et vues comme des éminences grises", relève l'historienne Nicole Bacharan.

Les Français semblent bouder cette idée. Selon un récent sondage du Huffington Post, 68 % d'entre eux seraient contre la création d'un statut officiel pour les premières dames. Étonnante hypocrisie, quand on sait que celles-ci sont sans cesse sollicitées. À peine arrivée, Brigitte Macron reçoit ainsi près de 140 lettres quotidiennes.

La politologue Armelle Le Bras-Chopard questionne, quant à elle, la "légitimité démocratique" d'une première dame, arguant qu'on élit "une personne et non un couple". Elle s'interroge, d'autre part, sur le problème que cela constituerait dans le cas d'un Président célibataire... ou d'une Présidente. En effet, si une femme accède à la magistrature suprême, il n'est pas certain que son compagnon acceptera de se couler dans ce moule de "premier homme". Même dans le cas d'un Président "classique", son épouse pourrait très bien refuser de jouer ce rôle imposé.

Car aucun couple ne se ressemble. Avant d'être des épouses présidentielles, chacune de ces femmes a son parcours, ses projets et ses intérêts. "On n'élit pas un couple..." Rien n'est plus faux. Quand un homme se voit confier la tâche de présider aux destinées d'une nation, sa vie change tout autant que celle de sa partenaire, qui aura à cœur de l'épauler selon son caractère, ses intérêts et ses compétences. L'une dispensera des conseils politiques, l'autre se contentant d'actions humanitaires, enfin certaines préféreront ne pas s'engager et poursuivre leur carrière professionnelle. La création d'un statut enfermant et réducteur serait contre-productif. Il apparaît plus sensé de laisser à chaque couple présidentiel la liberté de décider des attributions de la première dame ou du premier gentleman.

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10 juillet 2017 à 16:58

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