Trois attentats suicides ont été commis, dimanche, contre des églises de la ville de Surabaya, en Indonésie - pays de près de 270 millions d'habitants, majoritairement musulmans, avec une forte minorité chrétienne (12 %). Attentats qui ont fait une dizaine de morts. Lundi, c'est un commissariat de police qui a été, à son tour, la cible d'un nouvel attentat, faisant plusieurs blessés. Tous ont été revendiqués par Daech.

Les attaques de dimanche contre des églises ont été commises par les membres d'une même famille : le père, la mère, les deux fils âgés de 18 et 16 ans et les deux filles âgées de 12 et 9 ans.
Marc Fromager, directeur de l'Aide à l'Église en détresse, réagit au micro de Boulevard Voltaire. Il estime que, pour l'instant, malgré ces attentats, l'équilibre de l'Indonésie n'est pas menacé par le radicalisme islamiste.

L’Indonésie a été frappée par un double attentat ce week-end.
À Surabaya, trois églises ont été attaquées par deux familles se revendiquant d’un groupe terroriste.
Que s’est-il passé à Surabaya?

C’est la deuxième plus grande ville du pays. Les chrétiens représentent 12 % de la population indonésienne, c’est-à-dire une importante minorité.
Ces églises ont fait l’objet d’une attaque de groupes terroristes ayant la particularité un peu surprenante d’avoir impliqué des familles entières. Les parents avec les enfants ont commis un attentat suicide.
C’est une procédure qu’on a retrouvée ce lundi 14 mai dans la même ville de Surabaya contre un poste de police avec 5 membres d’une même famille impliqués dans un attentat suicide.
On peut observer à la fois une attaque anti chrétienne et deux jours plus tard, une attaque contre les forces de l’ordre de l’Indonésie.

C’est donc bien l’Indonésie qui été visée. L’Indonésie est le pays où se trouve le plus grand nombre de musulmans au monde. C’est également un pays qui constitutionnellement garantit une liberté de culte pour toutes les religions.

À la fois sur le plan constitutionnel et sur le plan de la pratique de la majeure partie de la population, il y a un très grand esprit de tolérance et d’acceptation d’une diversité religieuse.
Je rappelle que plus de 30 millions de chrétiens sont sur cette île. Certaines parties de l’archipel indonésien sont majoritairement autres que musulmanes, comme l’île de Bali. Cette île touristique est majoritairement bouddhiste.
Cet esprit de tolérance semble pour le moment prévaloir malgré des attaques de groupes islamistes qui malheureusement tendent à se répéter ces dernières années.

Ce groupe serait identifié comme ayant proclamé son ralliement à l’État islamique. Y aurait-il un risque d’embrasement de cette zone de l’Asie à cause de l’État islamique ?

Le risque existe. Nous savons que l’État islamique a perdu son assise territoriale en Syrie et en Irak. Beaucoup de ces mercenaires ont été redéployés et se retrouvent aujourd’hui en Afghanistan.
Nous craignons qu’à l’avenir ils servent à déstabiliser l’Iran. On en retrouve également dans le reste de l’Asie, dans le continent indien y compris en Indonésie.
La question du développement de ces groupes reste néanmoins la question financière. Qui les paye ? Qui va les payer ?
Malgré l’aspect dramatique de ces attentats et le fait qu’ils tendent à être répétitifs, nous n’en sommes pas encore au stade d’alerte grave. Cela reste tout de même des faits isolés. L’influence de ces groupes reste pour le moment marginale en Indonésie.

L’équilibre de ces pays-là est-il menacé par le radicalisme islamique ?

Pour le moment non. L’Indonésie a réussi à contrôler assez finement ce qui se passe sur son territoire. Néanmoins, il existe une disparité régionale. Certaines parties de l’archipel indonésien notamment l’île de Sumatra à l’ouest du pays sont clairement déjà radicalisées. Ce n’est pas forcément le cas dans le reste du pays. Il faudra être particulièrement attentif à l’avenir sur la base de ces spécificités régionale.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:10.

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14 mai 2018 à 21:31

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