Jean-Luc Mélenchon, dans un long billet publié sur son blog, fait le bilan des premiers mois de la macronie. Estimant que la « hollandisation de Macron est commencée », il prédit « une crise de régime ». Quoi qu’on pense par ailleurs de ses positions politiques, force est de reconnaître que, loin de divaguer, il présente une analyse pertinente de la situation.

Pour expliquer la baisse de popularité du Président, il ne souligne pas des aspects anecdotiques – comme l’amateurisme de beaucoup d’élus LREM – ni les maladresses de ministres qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter. Le responsable, le seul, c’est le locataire de l’Élysée en personne.

Sa conception jupitérienne et verticale du pouvoir, son rejet du dialogue et de la discussion ne laissent pas une grande marge d’initiative à ses soutiens. Ils sont si nombreux à l’Assemblée nationale que la plupart d’entre eux n’ont rien à faire : leur rôle se limite à applaudir les interventions de leur camp, à jouer aux godillots en marche : à la longue, les plus lucides se lassent et se demandent ce qu’ils sont venus faire dans cette galère.

Qui plus est, l’élection d’Emmanuel Macron se fonde sur une imposture. Il prétend disposer de la légitimité des urnes alors qu’une minorité de Français a soutenu son programme. Il prolonge "une longue crise commencée avec la forfaiture sur le résultat du référendum de 2005 à propos de la Constitution européenne".

Trop sûr d’avoir raison, il a ce mépris du peuple ignare qui conduit à des décisions intempestives. Beaucoup de ses ministres, qui ont obtenu leur poste pour prix de leur ralliement ou de leur trahison, croyant devancer ses désirs, accumulent les fautes. Mélenchon cite, pêle-mêle, les coupes budgétaires brutales - entraînant notamment le départ du général de Villiers -, la baisse des dotations des collectivités locales – suicidaire, à deux mois des élections sénatoriales –, la réforme du Code du travail, défendue par un ministre qui aurait profité de stock-options après un plan de licenciement.

Sans compter toutes ces annonces qui sonnent comme des provocations : diminution du montant des APL, augmentation de la CSG sans compensation pour les retraités coupables de toucher une pension supérieure à 1.200 €, rétablissement du jour de carence pour les fonctionnaires, gel de la valeur du point d’indice, menaces sur l’application du plan de carrière (PPCR) mis en place à la fin du précédent quinquennat…

Macron, du haut de son Olympe, se prend pour un dieu et continue de prendre les Français pour des imbéciles : il fuit le débat avec les journalistes, gouverne par ordonnances, refuse une vraie discussion à l’Assemblée, se met en scène pour entretenir son aura : "Macron en fauteuil roulant, Macron en gants de boxe, Macron en tenue de pilote de chasse et ainsi de suite", comme le décrit, de sa plume acide, Mélenchon.

Sa politique internationale le sauve-t-il ? Ah ! Voyez comme il a damé le pion à Donald Trump, comme il tient tête à Poutine, comme il fait le coq devant les grands de ce monde ! Las ! Ce qu’on retient surtout de lui, c’est la façon dont il se couche devant Angela Merkel et les diktats de Bruxelles.

Le seul maître qu’il reconnaisse, c’est la finance. Venu de la finance, il travaille pour la finance. Dans ces conditions, Mélenchon n’a pas tort d’appeler à la résistance, d’organiser, le 23 septembre, une "marche contre le coup d’État social", de pratiquer "la méthode des additions ponctuelles" pour tenter de coaliser les oppositions.

Son entreprise paraîtrait presque sympathique s’il ne cédait à son vieux démon : l’ostracisation du Front national, seul parti, pourtant, qui manifeste constamment sa fidélité au souverainisme et son rejet de l’impérialisme financier.

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10 août 2017 à 10:29

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