Et maintenant, exigeons un référendum sur la gouvernance de la zone euro !

Marine Le Pen a eu raison d'annoncer la fin de l'euro en l'état et de dénoncer le projet européen de gouvernance de la zone euro d'Emmanuel Macron lors du débat du second tour. Mais les Français ne semblent pas encore prêts à entendre cette vérité.

Pourtant, dans un entretien au Figaro de septembre 2015, notre nouveau président de la République lui-même a prédit cette fin d'ici dix ans, à moins de définitivement transférer la politique économique et budgétaire de notre pays à un ministre de l’Économie de la zone euro, comme c'est déjà le cas pour la politique monétaire avec la Banque centrale européenne (BCE). Pour autant, je ne crois pas du tout que ce soit la volonté réelle de notre peuple d'accepter davantage d'intégration politique, comme le montrent largement des sondages récurrents. L'élection présidentielle ne s'est donc pas faite sur cette adhésion et c'est un boulet que traînera Emmanuel Macron durant son mandat, à moins de consulter les Français par référendum. Mais en aura-t-il le courage ?

Notre Président va chercher à négocier cette gouvernance de la zone euro à côté (et non en face) de Mme Merkel. On connaît le succès qu'a eu, en 2012, son père spirituel, François Hollande, à propos du volet budgétaire du pacte de stabilité et de croissance.

Deux scenarii sont possibles : soit l'Allemagne refuse de porter à bout de bras ce qu'elle considère comme les déficiences des autres, à commencer par la dette grecque et le système de protection sociale français, mais alors elle pourrait apparaître comme le pays par qui le malheur sera arrivé ; soit - et c'est le scénario le plus probable - l'Allemagne n'acceptera qu'aux conditions qui seront les siennes.

Après tous les efforts économiques qu'elle a consentis depuis sa réunification, après avoir accepté une protection sociale faible et un nombre important de travailleurs pauvres, pourquoi accepterait-elle de mettre en péril sa croissance économique, son faible taux de chômage, son budget et sa balance commerciale excédentaires ? Vous savez, c'est l'histoire de la cigale et de la fourmi... Elle tordra donc le bras à notre Président Macron et c'en sera fini de notre système de protection sociale après la déconstruction par ordonnances de notre droit du travail. C'est d'ailleurs, sans doute, ce que cherchent à obtenir Emmanuel Macron et ceux qui l'ont porté au pouvoir. Un ordre européen déséquilibré continuera donc sous la domination d'un euro-mark, menaçant la paix en Europe. À moins que la nouvelle bulle financière créée par la politique d'excès de liquidités de la BCE n'explose sous nos yeux entre-temps.

Devant la recomposition politique qui s'annonce, la meilleure résistance démocratique serait que se constitue à l'Assemblée nationale un groupe des vrais patriotes, le plus important et le plus large possible, afin d'exiger et obtenir la tenue d'un référendum sur le projet de gouvernance de la zone euro, comme ce fut le cas en 2005 sur le projet de Constitution européenne. La démocratie l'exige.

Par ailleurs, sans majorité absolue à l'Assemblée nationale (ce qui est probable), le pays sera difficilement gouvernable. Le contre-pouvoir des Insoumis, des syndicats, de l'ultra-gauche et des casseurs de tout bord s'installera dans la rue à cause de la casse sociale qui s'annonce. Pour autant, les questions identitaires, d'immigration, de communautarisme, de lutte contre le terrorisme et de progression de l'islam radical et politique seront toujours prégnantes, et on peut aussi douter de la stature d'homme d’État de notre nouveau Président pour faire face à cette situation. Les Français se souviendront bientôt que Marie-France Garaud les aura prévenus que Marine Le Pen avait le sens de l’État et qu'elle était la seule à pouvoir rendre à la France sa souveraineté.

Philippe Franceschi
Philippe Franceschi
Consultant en sécurité

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