Chers lecteurs, comme vous l’imaginez, j’ai plaisir à nos rendez-vous quotidiens. Toutefois, mon plaisir est un peu gâché car j’ai la désagréable impression de me répéter. Je vais ainsi écrire aujourd’hui mon énième papier sur "l’évacuation d’un camp de migrants porte de la Chapelle à Paris".

Le dernier sur ce même sujet date du 24 mai dernier. Il y a exactement 44 jours, donc, je relatais l’opération initiée le 9 mai par madame Hidalgo, maire de Paris, et monsieur Delpuech, préfet de la région Île-de-France, à savoir la mobilisation de 350 policiers pour évacuer un campement où se regroupaient essentiellement des Afghans, des Soudanais et des Érythréens. "1.609 personnes, dont 75 vulnérables, ont été prises en charge et orientées vers des structures d’hébergement", nous disait-on alors, précisant que plus de 30 opérations identiques avaient déjà eu lieu dans ce même quartier depuis 2015.

Rebelotte en ce vendredi 7 juillet où 350 policiers – les mêmes, peut-être ? – ont été appelés aux aurores pour évacuer… 2.700 migrants. Autant dire que le camping sauvage est une affaire qui marche.

En mai dernier, Emmanuelle Cosse, encore ministre du Logement pour quelques jours, invoquait notre sécurité menacée : "On a voulu accélérer la procédure parce qu’il y avait des campements assez importants qui devenaient extrêmement dangereux autour de la porte de la Chapelle." Cela avant qu’un élu municipal ne crache le morceau, avouant ce que tout le monde savait déjà : l’opération du 9 mai était "liée au passage des membres du Comité olympique, à partir du samedi 13 mai".

Et les campements de migrants, ça fait sale dans le paysage.

Et aujourd’hui, me direz-vous ? Eh bien – mais c’est sans doute un hasard –, nous sommes à une semaine des festivités du 14 Juillet. Des festivités auxquelles nous avons convié monsieur Trump et son armada, qui se poseront au Bourget, et dont le cortège pin-pon sirènes hurlantes, hélicos et motards passera par… la porte de la Chapelle pour rejoindre le cœur chic de Paris.

Et les campements de migrants, ça fait toujours aussi sale dans le paysage.

Bien sûr, ça n’est pas la version officielle et madame Hidalgo a remis, ce matin, aux parlementaires et au gouvernement un document de onze pages en forme de proposition de loi pour "favoriser l'accueil et l'intégration des migrants". Il s’agirait principalement de "rendre obligatoire la création de centres d’accueil pour migrants dans les grandes métropoles françaises pour désengorger Paris", de ramener à "six mois" le délai maximum de traitement des demandes d’asile ou encore d’entériner la création d’un « fonds d’accueil d’urgence des migrants » doté de dix millions d’euros par an pour répondre "aux situations d’afflux".

Tout cela part d’un bon sentiment et, habitant moi-même le nord-est de la capitale (côté bobo, tant mieux pour moi !), je conviens que la situation devient inextricable. Toutefois, je note que si l’entourage de madame Hidalgo avance cette belle idée : "À un moment, quelqu’un doit poser les choses et obliger les élus, les responsables locaux et nationaux à amorcer quelque chose pour les migrants", le maire de Paris n’a pas encore tellement réussi à convaincre les arrondissements chics de la capitale d’en prendre leur quota. Je ne sache pas, en effet, qu’il y ait beaucoup de campements à Saint-Germain-des-Prés, dans l’île Saint-Louis, le XVIe ou Neuilly. Pourtant, ça aurait beaucoup de charme au palais de Chaillot ou sous la tour Eiffel, non ?

À vrai dire, on pourrait même en installer dans le parc de l’Élysée. L’herbe y est verte, les murs hauts… Ou alors, pourquoi ne pas les mettre à côté, dans le parc de l’hôtel Marigny, là où Kadhafi installa sa tente bédouine voilà juste dix ans ?
Après tout, ce bordel étant en grande partie dû à la situation libyenne, initiée rappelons-le par ces grands stratèges que sont BHL et Sarkozy, ce ne serait, après tout, qu’un juste retour des choses…

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07 juillet 2017 à 20:07

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