« Peut-être faut-il se faire coopter par une star pour pouvoir entrer à l’Élysée… »

Il a fait le buzz en appelant à recruter une star qui plaiderait la cause de la police auprès d'Emmanuel Macron.

"Il" ? C'est le syndicat VIGI (syndicat du ministère de l'Intérieur et de la police nationale d'Île-de-France), ex-CGT police.

La lettre envoyée au président de la République, pour l'alerter sur les conséquences qu'aura la coupe budgétaire de plus de 370 millions d'euros sur la sécurité, est en effet restée à ce jour sans réponse.

Axel Ronde, représentant de ce syndicat, répond aux questions de Boulevard Voltaire.

C'est une nouvelle structure qui s'est transformée : l'ancien CGT Police est devenue Vigi ministère de l'Intérieur.
Je représente la Vigi ministère de l'Intérieur Île-de-France.
La structure s'est créée à l'issue des manifestations de certains policiers en colère.


Vous avez fait le buzz ce matin sur les réseaux sociaux en demandant une star du show-biz pour avoir une chance d'être reçu à l'Élysée…

Nous avons fait une lettre ouverte au président de la République suite aux réductions du budget de la Police nationale.
Nous n'avons reçu aucune réponse de sa part.
Or, nous avons constaté que plusieurs stars ont réussi à entrer à l'Élysée, en interpellant directement le président par Twitter.
Nous avons décidé de faire la même chose.
Nous avons affaire à un jeune président qui semble casser les codes.
Peut-être qu'il faut se faire coopter par une star pour entrer à l'Élysée et pouvoir parler de choses sérieuses, comme le budget de la Police Nationale.
Plus de 300 millions vont être supprimés alors même que cet argent nous avait été donné suite aux mouvements de policiers en colère l'année dernière.
Nous remarquons que le budget de la Police va encore être impacté lourdement.
C'est donc la sécurité des Français qui va directement en pâtir.

On voit que tous les corps de l'État, y compris la Police et les Armées, font un effort budgétaire.
Quel constat tirez-vous de cette situation dans la mesure où l'insécurité n'est pas encore en train de baisser ?

On comprend bien qu'il y a des problèmes budgétaires.
Il existe cependant d'autres moyens de récupérer de l'argent.
Je ne pense pas que l'on puisse faire des sacrifices sur la sécurité du Français.
On demande énormément de choses aux policiers.
Ils sont très volontaires sur la voie publique. Ils n'arrêtent pas de faire plusieurs panels de missions qui ne sont d'ailleurs pas dévolus aux policiers.
Par exemple, on demande de plus en plus aux policiers de faire du maintien de l'ordre, alors qu'ils n'ont pas de formations spécifiques.
Maintenant, on leur demande de réagir à des attaques terroristes.
Ils n'ont pas les moyens matériels pour y faire face.
Ce n'est pas avec 3 pistolets mitrailleur et 4 gilets pare-balles qu'on va faire de nous des policiers aguerris.
On demande des formations.
Cela requiert de l'argent.
S'entraîner au tir coûte aussi de l'argent, car il faut avoir des munitions. Il n'y a malheureusement plus assez de munitions, plus assez de stands de tir et de formateurs disponibles pour entraîner les forces de l'ordre.
Nous nous retrouvons donc avec des policiers très mal préparés.
Nous avons malheureusement parfois des « dérapages » de policiers, parce qu'ils ne savent plus vraiment quelle est leur mission.
On leur demande tellement de choses que finalement ils ne savent plus exactement ce qu'ils doivent faire.

Êtes-vous prêts à redescendre dans la rue ?

En qualité de syndicat, nous sommes là pour dialoguer avec les autorités.
Nous sommes là pour désamorcer les conflits qui vont arriver.
On appelle le président à nous recevoir pour pouvoir lui expliquer les difficultés qu'il y a dans la Police Nationale. Peut-être ne les connaît-il pas. On va lui expliquer ce qu'il se passe, afin d'éviter d'avoir des policiers dans la rue et les mauvaises images qui vont avec.
Ce n'est effectivement pas le rôle de la Police de manifester.
Cependant, si nous ne sommes pas écoutés et que nous n'arrivons pas à nous faire entendre, le mouvement recommencera.

Axel Ronde
Axel Ronde
Secrétaire général du syndicat VIGI du ministère de l’Intérieur et de la Police nationale d’Ile de France.

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