Entre Macron et l’union des droites, Laurent Wauquiez doit faire le bon choix !

Le parti Les Républicains a osé publier un tract au titre provocateur : "Pour que la France reste la France." Vous rendez-vous compte ? Il y présente six propositions : "une règle d'or" (zéro augmentation d'impôts), "sortir la France de l'immigration de masse", "adapter notre droit à la lutte antiterroriste", "reconquérir les territoires perdus", "punir les délinquants", "un bouclier rural". Point n'en faut davantage pour susciter la polémique, même au sein des Républicains.

Dérive droitière de Laurent Wauquiez, accusent les uns, appel du pied au Rassemblement national, dénoncent les autres. Quel crime abominable ! Le juppéiste Maël de Calan, devenu vice-président du mouvement Libres, dirigé par Valérie Pécresse, proteste : "Il prend nos électeurs pour des idiots, en leur parlant à coup de slogans agressifs alors que la droite a besoin de propositions sérieuses", tandis que le maire de Palaiseau tweete : "À courir derrière le FN, le parti ira dans le mur." Fausses pudeurs de gazelle ou volonté de déstabiliser Laurent Wauquiez ?

Les dirigeants dudit parti se défendent, à l'instar de Didier Geoffroy, secrétaire général délégué, dont nous n'énumérerons pas le parcours zigzaguant de Sarkozy à Juppé, en passant par Fillon, pour finir en soutien de Wauquiez : "“Pour que la France reste la France” a été une phrase prononcée par François Mitterrand en 1984, par Nicolas Sarkozy en 2016, par Emmanuel Macron à Montpellier en octobre 2016... Je ne me souviens pas que quelques personnes aient pu leur reprocher d'être proches du Front national", souligne-t-il. A-t-il oublié la Droite forte, qu'il avait fondée avec Guillaume Peltier, qui fit ses armes au FN ?

Et pourtant, c'est vrai que ce sont des thèmes chers au Front national. Du reste, Laurent Wauquiez n'a jamais caché vouloir parler aux électeurs du FN mais exclure tout rapprochement avec le parti. Si l'on avait mauvais esprit, on rappellerait que c'était le programme d'Alain Juppé dans les années 90 : "Fermeture des frontières", "suspension de l'immigration", "réserver certaines prestations sociales aux nationaux", "incompatibilité entre l'islam et nos lois" : ce sont des propositions émises en 1990 par la droite, notamment le RPR et l'UDF. Comme quoi...

Alain Juppé, interrogé sur ce point par David Pujadas, pendant la primaire de la droite, ne put que répondre, embarrassé : "Rétrospectivement, je pense que c'était une erreur." Avec Laurent Wauquiez, Les Républicains reviennent, en quelque sorte, aux sources. On comprend d'autant moins qu'ils refusent toute forme d'alliance avec Marine Le Pen. La conjoncture politique actuelle montre qu'ils n'ont le choix qu'entre Macron et l'union des droites souhaitée par Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Jean-Frédéric Poisson, Emmanuelle Ménard et bien d'autres encore.

Alors qu'on apprend que le parti présidentiel pourrait soutenir des listes menées par des candidats LR, Les Républicains devraient prendre l'initiative d'un dialogue avec ces personnalités de droite. Ils agiraient au lieu de subir. Si les états-majors refusent de le faire, préférant leurs intérêts de boutique aux intérêts de la France, les électeurs, plus avisés, risquent fort de dépasser ces clivages et de leur imposer un rapprochement.

Les Républicains n'ont d'autre choix que de se faire absorber progressivement par les macronistes ou de participer à l'union des droites. Si Laurent Wauquiez ne fait pas le bon choix, il se retrouvera Gros Jean comme devant.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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