Tous ensemble haineux contre la haine !

Photo manif Saint-Jean-de-Cubzac RM

Si pouvoir dire ce que l’on pense librement est le fondement même de la démocratie, la France est-elle encore une démocratie ?

Président et Parlement si peu représentatifs, néo-conformisme étouffant, bien-pensance jusqu’à la nausée, taxations, règlements et réglementations de plus en plus ubuesques, qu’ils viennent des technocrates parisiens ou bruxellois… et, pour couronner le tout, depuis que les partis dits « populistes » enregistrent un nombre grandissant de voix et de sympathisants, un nouveau slogan simpliste (mais Hitler ne disait-il pas qu’on fait marcher le peuple avec des slogans simplistes ?) : condamner la haine !

Certes, mais alors, et en bonne application de leurs principes, ces adeptes de l’amour fou et du vivre ensemble, ces défenseurs de la fraternité, ces catho-laïques, chrétiens inavoués, refoulés, débordant de bons sentiments et de morale pieuse, devraient être les premiers à montrer ce débordement d’amour qui les habite en laissant tout le monde s’exprimer et se réunir librement, a fortiori s’il s’agit d’un élu du peuple, souverain dans une démocratie. Mieux : en aimant et en accueillant dans la joie leurs adversaires !

Or, qu’a-t-on pu voir, une fois de plus, à Saint-André-de-Cubzac, en Gironde ? Ces partisans de l’amour, ces combattants haineux d’une haine supposée, inventée, savamment entretenue, de médias en manifestations rituelles, exprimer une barbarie et baver une haine caricaturales… Bousculade de bonté, insultes amoureuses, coups de poing et de pied démocratiques, on se serait cru au Far-West, à l’époque des diligences, des cow-boys et des femmes attachées sur les rails par un bandido mexicain sexiste.

Et tout ça pourquoi ? Parce qu’un élu, le maire de Béziers, démocratiquement invité par des gens de la région, venait participer à une réunion pour s’exprimer et débattre avec eux… Mais des adeptes du vivre ensemble, quelques dizaines de démocrates forcenés, en avaient décidé autrement. Non, il ne viendrait pas, non, ils ne voulaient pas vivre avec lui, non, ils ne le voulaient pas chez eux, et cela, au nom de l’amour entre les hommes, adoptant ainsi l’attitude qu’ils reprochent aux haineux qu’ils combattent, ceux qui ne croient pas au vivre ensemble généralisé et spontané !

Cette attitude n’est-elle pas emblématique de notre France actuelle et de ses idiots utiles ? À la moindre opinion ou déclaration qui ne va pas dans le sens du néo-conformisme bien-pensant, les anathèmes fusent, les termes de "facho-raciste", de "populiste" ou de "sexiste" sont immédiatement lancés contre son auteur par quelques minorités qui se prennent pour des oracles. Se pencher sur tel problème qui gangrène notre société, chercher, proposer des solutions sensées, débattre, regarder la réalité en face, confronter des points de vue ne semble plus possible en France aujourd’hui : il s’agit seulement de dénoncer la haine et, pour ce faire, manifester, montrer le plus de haine possible contre le prétendu haineux.

Dès lors, sommes-nous encore en démocratie, cette démocratie inventée par les Athéniens et où tout le monde pouvait venir débattre sur la place publique ? Oui, mais dans une démocratie de moutons où, pour ne pas être décrété haineux par les haineux, chacun n’aura plus d’autre moyen pour s’exprimer — comme le berger de La Farce de Maître Pathelin — que de faire bêê, bêê… et de crier au loup que les médias leur inventent à longueur d’année !

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

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