Enseignements du premier tour :en matière électorale,la cohérence semble payer!

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Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour, probablement parce que sa candidature était la plus cohérente. Eh oui. C’est paradoxal mais cela semble bien être le cas. Les libéraux, les vrais, heureux dans l’anomie économique et sociale, ainsi que les souvent cités "gagnants de la mondialisation", se sont naturellement retrouvés chez lui. Toutes les polémiques sur son manque de programme, sa prétendue légèreté, ses « en même temps », signes de son impuissance conceptuelle et politique, n’ont sans doute fait que conforter cette aspiration authentiquement libérale au laisser-faire, au laisser-aller.

Marine Le Pen fait un score convenable mais sûrement décevant. Loin des 28 ou 30 % du "premier parti de France". La frange la plus populaire de son électorat a, semble-t-il, tenu bon mais une partie de son électorat conservateur a cédé aux sirènes de celui qui, avec Sens commun et quelques autres, se disait "libéral conservateur". Les tirades stupides sur la culture des bonzaïs et l’obsessionnel discours anxiogène sur l’euro n’ont probablement pas été gratuits.

François Fillon, dont nous soulignions dès décembre dans ces colonnes l’ambiguïté du positionnement, paie le prix fort de son incohérence. Sa chute dans les sondages est, ne l’oublions pas, antérieure à la sortie des "affaires" qui ont eu leur importance marginale. En oubliant que le conservatisme culturel est incompatible avec le libéralisme - qu’il ne faut pas confondre avec la libre entreprise -, Fillon a désespéré à la fois les vrais libéraux qui ont comme toujours "préféré l’original à la copie" et certains des authentiques conservateurs. Ceux qui l’ont rejoint ont, d’ailleurs, depuis dimanche la gueule de bois. Avec les dirigeants LR, il appelle ses électeurs à voter Macron, mais selon l’IFOP pour Paris Match, seuls 41 % d’entre eux seraient prêts à suivre ces directives. 4.200.000 conservateurs insoumis ? Si ce n’était pas le cas, ça y ressemblerait.

Dans les sillages du FN et de LR, des électeurs, une fois dessillés, plus libres et cohérents que leurs élus ? Sans doute !

La gauche socialiste, soit grosso modo l’addition de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, est à son étiage habituel. En son sein, Hamon, emberlificoté dans son incohérente soumission au PS - qui, depuis 1983, puis avec Terra Nova, est passé au libéralisme et au sociétal et n’a plus de socialiste que le nom -, en paie le prix. Pendant ce temps, Mélenchon, qui a tenu un discours cohérent authentiquement socialiste et révolutionnaire, s’affirme comme le leader.

Pour le deuxième tour, les deux candidats vont devoir bâtir et proposer des plates-formes de gouvernement. Pour autant qu’elle fédère dans la reconnaissance et le respect des différences, c’est une démarche qui peut être positive et sans ambiguïté.

Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, le gagnant sera probablement celui des deux qui saura le mieux le faire, confrontant ainsi son adversaire à ses incohérences.

Réalisable ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 07/11/2023 à 11:15.

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